Si le nom de Cyril Aouizerate vous dit quelque chose, c’est parce qu’il a créé Mama Shelter, le concept avant-gardiste qu’il a co-fondé avec l’entrepreneur Serge Trigano et le designer Philippe Starck. Mama Shelter continue de prospérer, désormais détenu majoritairement par Accor. Un chapitre qu’il a fermé en 2014, puisque Mama Shelter est devenu, selon lui, ce qu’il rejette : une chaîne hôtelière à grande échelle.
Lieu de rencontre avec la communauté locale
Après le lancement de son premier établissement à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, en mars 2017, puis un second à Lyon en septembre de la même année, Cyril Aouizerate s’apprête à démarrer les travaux de son premier hôtel aux États-Unis. Et ce sera dans la capitale fédérale, en septembre prochain.
Pourtant, c’est à New York, en 2012, que l’homme fait ses premiers pas de ce côté de l’Atlantique. Avec son restaurant vegan Maimonides of Brooklyn, il découvre la culture américaine. Le restaurant ferme en 2016 mais Cyril Aouizerate est séduit par le pays de l’Oncle Sam et sa mentalité schizophrène. « Les USA, ce sont les réactions qui s’opposent, les Américains dominent la culture de masse, on ne peut pas y être insensible, mais c’est aussi un territoire de contre-culture », lance-t-il. C’est aussi ici que naît MOB.
Finalement, ce ne sera pas à New York qu’il lancera son premier projet. Washington DC lui offre une nouvelle aventure, une ville qu’il connaissait peu. « On a trouvé plus vite à Washington qu’à New York, explique-t-il, beaucoup d’ingrédients intéressants, l’histoire du quartier, la ségrégation des noirs américains ». Même avec son image de ville « ennuyeuse », l’hôtelier y voit un vrai potentiel pour créer un endroit ancré dans la communauté.
Avec sa grande barbe grise et son côté décontracté, il explique avec aisance la philosophie de ses hôtels. « Tous les mois, on a une réunion de non-développement, on a un développement de tortue que nous revendiquons », confie-t-il. Pour DC, « je veux faire une offre inclusive, où les étudiants et les familles sont les bienvenus ». En arrière-plan, il y aurait un « volet théâtral » pour inviter les locaux et leur offrir un endroit pour explorer la littérature et la poésie sur scène. « Je veux que nos voyageurs rencontrent la communauté locale, d’ailleurs c’est pour ça que l’on n’a pas de télé dans nos chambres », explique-t-il.