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Emil Leroy Jönsson, concepteur de ce « landscape hôtel » éclaté en quatorze petites maisons en bois n’était ni hôtelier ni restaurateur, mais simplement architecte paysagiste, avant de se lancer dans ce projet fou. À 26 ans, après avoir œuvré à la confection de parcs et aires de jeux, ce Danois a décidé de créer l’hôtel de ses rêves. C’était sans savoir que cela lui prendrait dix ans, et, d’ailleurs, s’il l’avait su, il ne l’aurait jamais fait. Deux ans pour trouver le terrain, six ans de démarches administratives, un an de financement et un an de construction… tout ce temps pour nourrir et muscler le projet, et donner naissance à un lieu merveilleusement abouti, sensé et aligné. L’idée de 48° Nord n’est pas née en Alsace, mais au cours d’un trek en Laponie, tout au nord du cercle polaire. Pendant quinze jours, et donc quatorze nuits, Emil a parcouru d’immenses sentiers suédois et norvégiens à pied, campant sous la tente le soir, dans une nature parfaitement préservée. Au retour, il se dit : « La tente, c’est bien, mais une hutte insolite avec le confort d’une douche chaude, c’est mieux. » En une dizaine de mois, mariant son talent à celui de l’architecte norvégien Reiulf Ramstad, le paysagiste construit ces quatorze huttes, ou plutôt « hyttes » à la fois sobres et hypnotiques, en bois et pierres des Vosges. Elles prennent des formes très différentes : les « gräss hyttes », presque à même le sol, qui perturbent la distinction entre intérieur et extérieur, les « eføy hyttes » dans un esprit tiny house avec baie vitrée, les « tre hyttes », des silhouettes jusqu’à l’infini, bâties sur trois étages entre ciel et terre, et les « fjell hyttes », de grandes suites surplombant la clairière et la vallée. Ici, la décoration, c’est la vue, le paysage inouï du site et le silence. Ces maisons se veulent discrètes, comme si elles voulaient s’effacer dans la nature, sublimes sans attirer l’attention ni voler la vedette. Elles s’intègrent à un territoire d’une générosité folle, entre les Vosges sauvages qui rappellent la nature scandinave et l’Alsace magnifique, un secteur riche de fermes durables et de cultures biologiques. Au restaurant, seul espace partagé du 48° Nord, on se rencontre autour d’une grande table commune, avant de retourner à sa parenthèse immersive, seuls au monde. 48° Nord ? C’est à la fois la latitude et une jolie façon de rappeler l’attachement fort d’Emil à son lieu de vie. C’est aussi un clin d’œil au vocabulaire d’expédition et d’aventure, et c’est enfin le nombre maximal de kilomètres parcourus pour aller chercher le vin. Si, ici, la cave est 100 % alsacienne, elle n’est pas la seule, car tout ce qui est cuisiné vient du coin, à l’exception du thé, du café et du sucre. Pour le reste, pas de poivre, pas de chocolat, pas de cannelle, seulement les trésors d’un territoire restreint, mais chargé ! Frédéric Metzger, le chef, était depuis longtemps dans cette démarche de cuisine libre et responsable, de fermentation et de fumaisons, de fabrication de tous les pains maison… il a donc appliqué ce bon sens à tous les rendez-vous gourmands de la journée. Le petit déjeuner est un grand moment, entre pains et brioches beurrées, roulés à la rhubarbe et pancakes, compotes et yaourts, bretzels au lard, fromage de la vallée et œufs de la ferme et quatre-quarts… Le soir, du céleri en croûte de sel, un tartare de bœuf à la pomme fermentée, des navets glacés à l’hydromel, du cochon gras d’Alsace et des asperges blanches aux œufs de truite. Le produit est respecté puis sublimé, à l’instar de tout le site.

Une journée idéale au 48° Nord, selon Emil, commencerait par une première marche ou une course à pied au petit matin, suivie d’un (…) Lire la suite sur Elle

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