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« Je n’ai jamais été très scolaire. Après mon brevet des collèges, mon père m’a recommandé de faire un BEP hôtellerie, en me disant qu’au moins, c’était un secteur qui recrutait. Ce cursus ne m’a pas emballé. Mon diplôme en poche, j’ai préféré bosser plutôt que de poursuivre des études dans une autre voie. J’ai enchaîné les petits boulots : livreur de vin, préparateur de commandes, ouvrier sur une chaîne de tri de pommes de terre, serveur…

A 18 ans, j’ai commencé une mission dans un hôtel du groupe Accor, à Cavaillon (Vaucluse), pour un remplacement. J’étais plongeur et commis de cuisine. Je m’y sentais bien. L’hôtel était situé à plus de trente minutes de route de mon domicile, alors, au lieu de rentrer entre le service du midi et du soir, je restais sur place pour me former à d’autres choses. Huit mois après mon arrivée, je suis devenu chef de cuisine. Puis, technicien, et ensuite, réceptionniste. J’étais touche-à-tout, motivé, et cela m’a permis de me faire remarquer.

Directeur d’un hôtel

A 22 ans, on m’a promu directeur adjoint d’un Ibis à La Défense. Une fierté pour moi. Près de deux ans plus tard, on m’a rappelé pour devenir directeur de l’hôtel où j’avais fait mes armes, à Cavaillon. Puis, j’ai suivi mon ancien directeur général de cet établissement, et nous avons intégré ensemble Valmavi, une holding de dix-sept établissements (onze hôtels du groupe Accor et six restaurants).

A 27 ans, je suis devenu directeur des opérations. Ma mission : optimiser les services et l’organisation des établissements, et suivre les investissements et rénovations. Un poste passionnant, stimulant, confortable et avec de belles responsabilités.

Un projet né dans le cadre perso

Une idée m’est venue en décembre 2019. Je m’étais engagé auprès de ma femme à acheter le cadeau de Noël de notre fille. Mais avec le boulot, cela m’était un peu sorti de la tête. Résultat, je me suis retrouvé le 23 décembre à chercher ce cadeau, en vain.

Il était en rupture de stock en magasin. Je l’ai trouvé sur LeBonCoin, neuf et sous emballage, mais à Tours. Impossible de le faire livrer pour le lendemain. C’était frustrant car je me disais qu’il devait y avoir des dizaines d’automobilistes qui faisaient la route entre la Touraine et Avignon. Mais comment les trouver ? De là a germé mon idée d’application de covoiturage longue distance pour colis.

Ce projet me trottait dans la tête au quotidien. J’étais sûr que ce serait vraiment utile, j’en avais la preuve au travail. Exemple : un hôtel m’appelait pour me dire que la machine à café du petit-déjeuner était en panne, et qu’il fallait la remplacer en urgence. Une autre, neuve, était stockée dans un de nos hôtels à 200 kilomètres. Dans ce genre de situation, je me retrouvais souvent à faire des allers-retours simplement pour apporter un produit. Je me disais que nombre de voitures roulaient à vide et qu’on pouvait certainement rentabiliser leurs trajets.

Des livraisons dans un rayon de 30 km

Lors du premier confinement, j’ai mûri cette idée et me suis adressé à un représentant local de la French Tech. On m’a recommandé de voir moins gros, de penser local plutôt que national au départ. Alors, je suis arrivé au concept actuel de Tut Tut : permettre à des commerces de toutes tailles de livrer leurs clients instantanément dans un rayon de 30 km autour du lieu d’achat, grâce à des particuliers qui se proposent d’être coursiers.

J’ai négocié une rupture conventionnelle en juin 2020, puis j’ai ouvert ma boîte dans la foulée. Grâce à mes économies, à des financements des réseaux Entreprendre et Initiative et de BPI France, j’ai pu lancer l’application en avril 2021.

Au départ, l’offre s’adressait aux commerces de proximité (cavistes, fleuristes…). Très vite, il a intéressé les enseignes nationales. Leur objectif : remplacer le « click and collect », qui nécessite au client de se déplacer en magasin, par le « click and delivery », qui permet d’être livré à domicile.

Comment ça marche ? Un professionnel ou particulier demande une course sur l’application. Une notification est envoyée aux coursiers du secteur. Le premier qui accepte la course la fait. Le prix de l’expédition dépend de la taille du colis et de la distance à parcourir. Les tarifs oscillent entre 9 et 60 euros.

Prendre des risques

Nous permettons depuis novembre 2021 à des particuliers de demander toutes sortes de missions de transports. Aller chercher un produit acheté dans un magasin qui n’est pas affilié à Tut Tut, sur un site de vente entre particuliers comme LeBonCoin ou encore un objet oublié au bureau. Pour résumer, les coursiers rendent service à celles et ceux qui n’ont pas le temps ou pas le véhicule adapté.

Nous avons près de 10.000 coursiers actifs partout en France. On pensait que ça allait surtout intéresser les étudiants, pour se faire un peu d’argent mais finalement, on a tous types de profils. Certains livrent à vélo , d’autres en scooter, en voiture ou un fourgon. 70 % du montant de la course leur revient. Le reste sert au fonctionnement et au développement de Tut Tut. On veut que cela soit un complément de revenu, pas un emploi à temps complet. Les coursiers sont donc limités à 500 euros de gains par mois. (…) Lire la suite sur Les Echos Start

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