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Canada | Hôtellerie: un besoin de plus de cohérence et d’efficacité

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Au-delà des halls et des belles façades, la réalité de l’industrie hôtelière reste souvent méconnue. À plus forte raison pendant la pandémie actuelle.

J’ai fait le choix d’être un hôtelier indépendant (non affilié à une chaîne hôtelière internationale). Je suis propriétaire de deux établissements au centre-ville de Montréal, les hôtels Monville et Gault. Tous deux sont reconnus pour la qualité de leur service, leur design, leurs innovations et leur architecture contemporaine ou patrimoniale. Tous deux ont fait appel à des artisans, à des artistes, à des architectes et à des entreprises québécois lors de leur construction ou de leur rénovation. Le plus récent, l’hôtel Monville, a ainsi reçu de nombreux prix, au cours des deux dernières années.

J’ose espérer que cette indépendance a permis de créer des destinations uniques qui contribuent au rayonnement de notre métropole.

À travers deux exemples personnels, je souhaite exposer les raisons du sentiment d’abandon et de frustration ressentis par nombre d’artisans de l’industrie hôtelière.

Taxes municipales

La taxe municipale : pendant que la loi limite les recours pour la contester, est-il équitable de maintenir la valeur foncière d’un hôtel quasiment vide, alors que cette valeur est directement fonction du profit qu’il génère ? Depuis le mois d’avril, la taxe foncière représente plus de deux fois mes revenus. Cette taxe, dont le taux appliqué aux hôtels montréalais est le plus élevé au Canada, n’a pourtant fait l’objet d’aucun aménagement substantiel, si ce n’est un délai de paiement supplémentaire de trois mois. Au-delà, la Ville continue d’appliquer des pénalités de retard de près de 14 % par année. C’est finalement un emprunt auprès d’Investissement Québec qui m’a permis de régler partiellement cette taxe, mais pas d’éviter les pénalités. J’ai donc payé mes taxes avec ma carte de crédit ! Les enjeux relatifs à la taxation municipale sont complexes et ne peuvent pas être réglés seuls par la Ville. Pourtant, dans ces circonstances exceptionnelles, peut-on au moins envisager de ne pas appliquer les pénalités ou de les réduire quand les taxes sont finalement réglées ?

Financement

L’hôtel Monville a été financé par une institution de la Couronne. Comme les banques à charte, cette institution a accepté d’octroyer des moratoires de paiement dès le début de la crise. Avec la lente reprise qui s’annonce, je me suis engagé à recapitaliser massivement mon hôtel pour combler les déficits d’exploitation et pour payer les taxes municipales. En contrepartie, j’ai demandé à ma banque non pas d’annuler partiellement ma créance, mais de proroger le moratoire de remboursement du prêt et de réduire temporairement le taux d’intérêt appliqué. Cette dernière demande a été refusée au motif que cela est impossible en vertu du mandat de la banque. Que dois-je en conclure ? Que les aides fédérales pour couvrir les frais fixes doivent en fait rémunérer la marge d’une institution fédérale ? Que le gouvernement fédéral préfère provoquer la faillite d’une entreprise québécoise pour récupérer sa créance plutôt que d’accepter une légère baisse de profit de son institution ? C’est pourtant le même gouvernement qui réduit mon profit en fermant les frontières…

Alors que notre industrie fait face à des enjeux historiques, et que l’on compte sur les hôteliers pour participer activement à la relance de nos grands centres, les mesures de soutien mériteraient plus de cohérence et d’efficacité !

Nathaniel Fraiberger

Propriétaire des hôtels Monville et Gault

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