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«N’est-ce pas qu’il y a des nuits étranges où le paysage qui nous regarde a l’air de contenir tout le bonheur que nous voudrions enfermer en nous ?» Pierre Louÿs

Capter une clientèle, un regard, ne se fait pas en un claquement de chèque. C’est une histoire d’observation. C’est ce que fit il y a longtemps Sotirios Voulgaris (1857-1932). En travaillant les métaux précieux, cet orfèvre grec de Paramythia médite longuement aux migrations humaines. À la sienne tout d’abord. Et à celle de ses clients. Pourquoi les attendre ici, alors qu’ils sont ailleurs. Alors Sotirios et ses deux fils, Constantino et Giorgio, filent à Corfou, puis à Naples et enfin à Rome, en 1881, pour ouvrir plusieurs joailleries dont celle de la via Sistina. Sotirios s’adapte, s’italianise, il devient Sotirio Bulgari.

 

Cette culture Bvlgari, c’est aussi le miracle de la dolce vita, d’avoir grimpé sur le même bateau. Être témoin de cette époque, être là, faire partie, précisément, du décor : Saint-Tropez, Capri, Gstaad… Ici, à Paris, des photos noir et blanc nous interpellent encore et encore. Nous les regardons sans fin. Cette décade au bonheur inquiet, ces visages frappés de beauté fébrile : Monica Vitti, Sophia Loren… La bijouterie n’est plus un magasin comme un autre, c’est la prolongation de la nuit, d’une promesse, d’un voeu.

C’est ce sillage qui vous entraînera à Paris dans le nouvel hôtel griffé Bvlgari, précédé de Milan, Londres, Dubaï, Shanghai et Pékin. Vous voici avenue George-V, l’immeuble dans ses allures seventies (cette époque hésitante, presque maladroite) disparaît presque dans le mouvement haussmannien. Ce n’est pas plus mal. Il nous laisse ainsi libre de tout égard. C’est alors qu’en deux temps-trois mouvements le charme opère. Il y a ce lobby s’ouvrant avec une rare harmonie, au-delà de l’élégance (peut être en deçà) car si plaisant, très chic. Des coloris, des petits rappels art déco, un parquet en noyer d’Italie, des boiseries d’eucalyptus verni, tapis en soie couleur or rose et jaune, marbre breccia medicea, granit du Zimbabwe, marqueterie de paille héritée du célèbre décorateur Jean-Michel Frank et, pour les inconditionnels de Gio Ponti, de remarquables céramiques. Les décorateurs Patricia Viel et Antonio Citterio n’ont pas opposé le style français et italien, ils ont voulu signer un « armistice ».

Les 76 chambres et suites (dont un époustouflant Bvlgari Penthouse avec ses 400 mètres carrés plus 600 mètres carrés de jardins ponctués d’une tour Eiffel insolente) reprennent ces mêmes thèmes avec toujours cette retenue buste droit, avec des canapés au profil apaisant, coloris noisette et café, grenat et topaze dorée. Une finition des détails (regardez ne serait-ce qu’une seconde la poignée de la porte, sa feuillure), une isolation phonique exceptionnelle confère aux nuits une profondeur et des résonances suggérées par Pierre Louÿs…

La force de cet hôtel ? À aucun moment il ne cherche à s’imposer, il garde plutôt une certaine distance, sans toutefois s’effacer, au grand jamais. Même le spa, qui ailleurs se la jouerait, continue son phrasé précis et réussi sur deux niveaux et 1 300 mètres carrés : piscine de 25 mètres (!), pierre de Vicenza, teck birman, mosaïques émeraude, jade et malachite. «Nous ne sommes pas un groupe hôtelier», confirme Sylvain Ercoli, directeur général, «mais une marque de luxe produisant de la joaillerie, de la maroquinerie, des parfums et nous faisons nos hôtels de la même manière, sans souci de rentabilité, mais de beauté, de séduction.» (…) Lire la suite sur Les Echos

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