« J’ai 57 ans. Je travaille dans la restauration depuis mes 14 ans et je n’ai jamais vu ça. » Installé au Bouscat depuis treize ans, Christian Ducouret, patron du Bistro du 20, peine à recruter du personnel pour sa brasserie.
« Il nous manque un cuisinier. Plus personne ne veut bosser alors nous avons décidé depuis début novembre de fermer tous les lundis, mentionne-t-il, afin que nos salariés aient deux jours de repos consécutifs avec le dimanche, plus une demi-journée dans la semaine. »
Rendre le métier attractif, s’adapter, les restaurateurs bordelais multiplient les solutions pour garder leurs employés, en recruter.
« L’été, je prends des étudiants pour un mois ou trois semaines car il est plus facile de trouver du personnel pour peu de temps que des contrats longs. Depuis le Covid, c’est la catastrophe. Le problème, ce n’est pas le salaire, mais les gens qui ne veulent plus travailler le soir ou les week-ends », complète Christian Ducouret qui a l’habitude, en pleine saison, de faire entre 200 et 300 couverts jour.
« Mieux vaut tenir que courir alors pour préserver mon équipe nous allons garder ce rythme »
« Cet été, sur le bassin d’Arcachon, des restaurateurs ont également préféré fermer un jour par semaine. On réduit la longueur des services et on baisse notre fréquentation car on n’a pas l’équipe nécessaire », confirme Franck Chaumes, le nouveau président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) de Gironde, tout en précisant que 250 000 emplois sont à pourvoir au niveau national dans le secteur.
« Métier passion »
Egalement restaurateur à Bordeaux, il mentionne qu’un plongeur est rémunéré, chez lui, 1 600 euros net. « Les chaînes paient mal, aux échelons 1 et 2, mais nous avons des salaires entre 2 000 et 2 500 euros, voire 3 000/3 500 pour les plus gros d’entre eux. Alors est-ce que le métier est pénible ? Pas plus que d’être sur un chantier dans le froid. La restauration est un métier passion. »
Et pour continuer d’accueillir des jeunes en alternance, Franck Chaumes entend « sensibiliser le rectorat ». Par ailleurs, face à l’émergence des dark kitchens, ces laboratoires de cuisine dédiés à la vente à emporter, et la continuelle progression des livraisons, le restaurateur répond qu’il faut « garder la possibilité de donner une prestation assise avec un service adéquat. Il faut réfléchir à une fiscalité différente entre eux et nous. »
« Un million de personnes travaillent en direct dans le secteur de l’hébergement et de la restauration en France, soit deux millions en indirect. »
Les offres d’emploi, elles, s’affichent sur les réseaux sociaux comme cette annonce aux 152 commentaires publiée le 9 décembre sur la page Wanted Community Bordeaux pour un établissement situé aux Grands-Hommes : « Nous recherchons un/une serveur(se) (comme tous les restaurants). Nous vous proposons un 42h/semaine pour un salaire net de 1 800€/mois. »
Mais aussi sur les murs, à l’entrée, comme au Fuxia, allées d’Orléans, juste en face la place des Quinconces, où il est possible de lire : « Temps plein/mi-temps, merci de déposer votre CV à l’intérieur ». (…) Lire la suite sur Actu Bordeaux