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Tourisme : la riposte des hôteliers bretons face aux plates-formes de réservation

L’agence Funbreizh a créé un outil permettant aux hôtels de vendre en ligne une balade en bateau ou une location de vélo en même temps qu’une nuitée. Une petite révolution à l’heure où les hôteliers pâtissent de la crise sanitaire.

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Choisirez-vous le séjour « Deux jours, deux îles » entre Belle-Ile, Groix et Lorient (Morbihan) ou un week-end de remise en forme sur la Côte de granit rose au nord de la Bretagne ?

Face aux plates-formes mondiales de réservation comme Booking, Lastminute ou Expedia, des professionnels bretons organisent la riposte. Grâce à l’agence événementielle locale Funbreizh, les hôteliers commercialisent depuis peu des offres incluant non seulement des nuitées dans leur établissement mais aussi des balades sur un vieux gréement, une location de vélo, un tour guidé, une visite de ferme ostréicole, une plongée sous-marine…

« On a beau être d’irréductibles Bretons, on a choisi de ne pas attaquer Booking de front, souligne Jean-Vincent Petit, le directeur de Funbreizh, avec autant de réalisme que d’autodérision. Booking est une incroyable force de frappe. A la fin, c’est toujours lui qui sera le mieux référencé ; cela permet consulter les disponibilités et de réserver. Mais après, il faut encore réserver la voiture, la traversée en bateau, les visites. Nous, on propose au voyageur de pouvoir tout réserver directement sur le site de l’hôtelier. »

L’idée paraît évidente et lumineuse mais il a fallu lever un obstacle réglementaire : les hôteliers n’ont pas le droit de vendre des « packages », ces séjours touristiques clé en main incluant transport, hébergement, restauration et activités. « Il faut une licence d’agence de voyages et nous, on l’a, se félicite le directeur de Funbreizh. En 2019, nous avons attiré dans le Grand Ouest 3 000 individuels et 15000 participants à des séminaires pour un chiffre d’affaires de 1,85 million d’euros. »

«Un bout de code qui se met sur la page Web de l’hôtelier»

L’agence privée, forte de quinze salariés, a conçu les premiers séjours en fonction de la demande traditionnelle des vacanciers et elle en fabrique d’autres en fonction des indications des hôteliers. « Par exemple, la Villa Perrosienne dans les Côtes-d’Armor se trouve à proximité d’un spot de nage en eau libre. C’était intéressant de vendre l’offre complète à des groupes », note Jean-Vincent Petit. Pour l’hôtel La Désirade situé sur l’île de Belle-Ile, il est pratique d’y inclure la traversée en bateau, qui permet d’y accéder.

Autre exemple, le marathon de Vannes qui attire des coureurs venus de très loin. « Par le passé, on mettait des liens sur le site du marathon puisque c’est là que les participants viennent rechercher les informations, note le Breton. L’année prochaine, le site du marathon vendra directement des séjours clés en main. »

Techniquement, l’outil appelé Ty-Win s’apparente à « un bout de code qui se met sur la page Web de l’hôtelier et qui propose les services d’une agence de voyages ». Paradoxalement, c’est à l’épidémie de Covid et au confinement, une période extrêmement difficile pour les hôteliers, qu’il doit son lancement. « Quand tout a fermé, on s’est dit que soit on arrêtait, soit on sortait de cette crise avec un projet innovant, retrace Jean-Vincent Petit. On a donc accéléré le développement de Ty-Win qui était dans les cartons. »

«Un outil révolutionnaire dans le monde de l’hôtellerie»

L’hôtel Edgar de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) fait partie des premiers hôtels équipés de Ty-Win. « C’est un outil révolutionnaire dans le monde de l’hôtellerie aujourd’hui, s’enthousiasme Maxime Julien, son propriétaire. Je n’ai pas la licence de voyage, je ne peux pas ajouter une balade en mer, une randonnée, une séance de char à voile ou la visite d’une ferme marine. Et même si j’en avais le droit, à la réception, on n’a pas le temps, ce n’est pas notre métier. Désormais, nous avons l’outil sur notre site et on ne s’en occupe pas. »

Preuve de l’efficacité de l’outil, l’hôtelier avait déjà vendu en deux semaines plusieurs packages « évasion kayak », « trésors de la mer » ou encore « saveurs très gourmandes ». « Pour le client, c’est hyperintéressant. En réservant sa chambre, il a déjà son bateau, son vélo ou sa balade en char à voile. Voilà le genre de valeur ajoutée qui peut aider les hôtels indépendants à tenir face aux grands groupes comme Accor ou Louvre Hotels », plaide Maxime Julien, qui est aussi le président des Hôtels de charme et de caractère de Bretagne.

L’installation de Ty-Win ne coûte rien à l’hôtelier. « On ne paie pas l’outil. Si je vends une de mes chambres sur mon site, je vais payer 15 % de commission à l’agence mais comme je vais aussi toucher des commissions sur les offres annexes du package, au final, c’est une opération blanche », calcule le propriétaire de l’hôtel Edgar.

«Tout le monde est gagnant»

Pour les clients aussi, c’est une opération gagnante. « Sur Booking, la commission de base est de 17% mais elle peut monter à 30 ou 50% en fonction de la visibilité, note Maxime. Cela veut dire que pour les 15 euros ou 20 euros d’écart de prix, le voyageur peut avoir une prestation supplémentaire. Tout le monde est gagnant. »

Alors qu’une vingtaine d’hôteliers bretons sont équipés de sa solution, Jean-Vincent Petit engage déjà l’étape suivante : installer Ty-Win dans d’autres agences de voyages. « Notre zone restera toujours le Grand Ouest car nous la connaissons bien. Mais d’autres agences locales peuvent mettre leurs offres dans leur Ty-Win et je pourrais les vendre à mes clients. Nous avons signé avec d’autres agences réceptives en marque blanche. L’idée, c’est de proposer la destination France. » Ce nouvel outil pourrait bien faire des émules chez les hôteliers au-delà de la Bretagne…

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