Nos multinationales sont-elles les grandes gagnantes du plan de relance ? Selon une étude de l’Institut des politiques publiques (IPP), les entreprises les plus pénalisées par l’épidémie de Covid-19 sont loin d’être les principales bénéficiaires du plan de relance de l’économie de 100 milliards d’euros, qui ciblerait surtout les grandes entreprises industrielles, indépendamment de l’impact de la pandémie, juge l’étude.

Les secteurs de l’énergie, l’industrie en général ou encore les entreprises de l’eau et des déchets sont notamment celles qui vont le plus bénéficier de la baisse de 10 milliards d’euros des impôts de production, mesure phare du plan de relance. Elle profitera dans une moindre mesure aux commerces, et beaucoup moins aux entreprises de l’hôtellerie-restauration ou des services. Plus généralement, cette baisse d’impôt bénéficiera moins aux entreprises ayant pourtant subi les plus fortes pertes de chiffre d’affaires durant le premier confinement.

Les auteurs jugent donc « optimiste » la prévision du gouvernement sur l’impact positif de cette mesure sur la croissance à moyen terme, d’autant plus que son financement « n’a pas été pris en compte ». En revanche, l’étude constate que les mesures d’urgence prises depuis mars (chômage partiel, prêt garanti, exonérations de charges, fonds de solidarité) ont bien rempli leur rôle, en ciblant les entreprises les plus fragiles financièrement, celles qui ont pu le moins maintenir leurs salariés en emploi et qui ont subi les plus fortes baisses de chiffre d’affaires. Par secteur, l’hôtellerie-restauration, les services, les transports et les commerces sont ainsi les plus aidés. En revanche, les auteurs soulignent que ces dispositifs ont aussi « surtout aidé les entreprises petites, peu capitalistiques et peu productives dès avant la crise ».

Enfin, selon l’étude, le choc de l’épidémie a eu un impact très inégal sur les revenus des ménages : les plus modestes, parce qu’ils sont notamment les plus susceptibles de travailler dans des secteurs touchés par le Covid-19, ont ainsi été les plus pénalisés. De ce point de vue, les aides exceptionnelles aux bénéficiaires d’aide sociale, celles pour les indépendants et les petits entrepreneurs, ont permis de compenser en partie leurs baisses de revenus, note l’étude.