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Canada | À Montréal, la COVID-19 fait fermer des hôtels

La pandémie provoque la fermeture d’hôtels parmi les plus prestigieux du centre-ville de Montréal. Cette semaine, le Four Seasons et le Saint-Paul ont suspendu leurs activités, le temps de la crise, et trois autres n’ont jamais rouvert.

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Les deux établissements auraient le droit de rester ouverts, mais l’effondrement du tourisme les force à fermer au moins jusqu’au 29 octobre, voire plus longtemps.

D’autres hôtels n’avaient même pas pris la peine de rouvrir leurs portes après la fin du premier confinement, fin juin. C’est le cas du Holiday Inn du Quartier chinois, de l’Omni et du St-James, l’établissement où descendent les Bono, Madonna et autres vedettes internationales.

Pas de resto, pas de clients

En entrevue avec Le Journal, le propriétaire du Four Seasons, Andrew Lutfy, dit avoir pris la seule décision possible pour « se protéger financièrement », après une nouvelle fermeture obligatoire du restaurant de l’hôtel, le Marcus.

« On remontait la pente, dit-il. On avait beaucoup de réservations pour l’Action de grâce. Mais quand on a eu l’obligation de refermer le resto, on a perdu 90 % de nos clients dans les jours qui ont suivi. Ça devient plate : les gens ne peuvent plus aller au Marcus, au musée, au spa… »

L’homme d’affaires a donc décidé de fermer le Four Seasons à partir du 5 octobre. Presque tous les 260 employés de l’hôtel se retrouvent à nouveau au chômage.

C’est un autre coup dur pour Andrew Lutfy : sa chaîne de détaillants de vêtements, le Groupe Dynamite, s’est placée à l’abri de ses créanciers début septembre.

Déficit sur déficit

Au luxueux hôtel Saint-Paul, dans le Vieux-Montréal, la directrice n’est pas rassurée. « Je suis très inquiète, dit Chantale Rambout. N’importe quelle entreprise ne peut pas fonctionner avec seulement des déficits. On attend avec impatience d’autres mesures du gouvernement. »

Moins d’une dizaine des 70 employés habituels sont au boulot, à temps partiel.

Autre hôtel de prestige, même morosité. Le St-James n’a même jamais rouvert ses portes, après avoir fermé en mars dernier.

« Notre clientèle, ce sont surtout des Américains, et avec les douanes fermées, ils ne viennent plus », dit Elizabeth Glimenaki, directrice du prestigieux établissement.

« Il n’y a pas de quoi être optimiste », dit Ève Paré, présidente de l’Association des hôtels du Grand Montréal (AHGM).

Selon une enquête auprès de ses membres, la moitié des hôteliers de la ville prévoient fermer sans une aide additionnelle du gouvernement. « Cette proportion monte aux deux tiers sur 12 mois », dit Ève Paré.

Elle souligne que la moitié des hôtels ont fermé au printemps dernier.

« Il y a beaucoup de décisions qui sont en attente des modalités de la subvention salariale, dit-elle. Elles vont se prendre dans les prochaines semaines. »

L’Association prévoit des taux d’occupation de 3 à 5 % au mois d’octobre. « Ça ne justifie plus de rester ouverts. Il n’y en a pas, de clients. »

Les syndicats du secteur ont de quoi broyer du noir.

« C’est à peu près 5 % des effectifs qui sont au travail », déplore Michel Valiquette, responsable du secteur hôtelier à la Fédération du commerce de la CSN.

« La patience a assez duré ! » (sic), titrait hier un communiqué de l’AHGM, réclamant de l’aide supplémentaire de Québec.

Questionné par Le Journal, le ministère du Tourisme n’avait toutefois aucune nouvelle mesure d’aide à annoncer hier pour l’hôtellerie.

À Québec, les hôtels Clarendon et Manoir du Lac Delage ont également fermé, au moins jusqu’à la fin du mois.


LES HÔTELS À L’AGONIE

Un sondage de l’Association des hôtels du Grand Montréal révèle une situation critique pour les membres de l’industrie :

  • 1 répondant sur 5 admet qu’il n’a pas pu faire son deuxième versement en taxes foncières ;
  • Le manque à gagner en revenus s’élève à « plus d’un demi-milliard de dollars » dans le grand Montréal par rapport à 2019, soit 72 % du chiffre d’affaires des hôteliers ;
  • Plus de la moitié des établissements ont dû procéder à des licenciements collectifs.
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