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En 1929, une organisation new-yorkaise organisait un concours avec à la clé un voyage de six jours aux Bermudes à la « femme d’affaires » qui trouverait le meilleur nom pour un nouvel hôtel réservé aux femmes. Les propositions affluaient : le Diana, le Patrician, Broad View. L’organisation finit par choisir le Sutton. Une autre contribution résumait toutefois ce que représentait la résidence pour les femmes qui y séjournaient : Paradise.

Pendant plus d’un siècle, ces hôtels réservés aux seules femmes faisaient office de lieu de répit et de résidence principale pour des femmes de tout âge. Créés à l’époque victorienne, ces hôtels accueillaient des milliers de femmes ambitieuses qui redéfinissaient l’idée que les États-Unis se faisaient de leur place dans la société.

Au début du 19e siècle, voyager seule n’était généralement pas envisageable pour la plupart des femmes. Les femmes de la classe moyenne et haute ne devaient pas s’intéresser aux voyages ni à la vie urbaine. Le foyer était considéré comme la sphère qui leur était destinée. Si les femmes voyageaient, elles étaient étroitement surveillées et dirigées vers des quartiers privés aussi vite que possible.

La plupart des lieux publics ne se contentaient pas de désapprouver la présence des femmes, ils l’interdisait. Les villes étaient diabolisées, considérées comme des lieux où la morale n’existait pas et comme impropres à la gent féminine. Les femmes qui travaillaient en dehors du foyer étaient jugées dangereuses et impudiques. Bien que les femmes de la classe ouvrière, les immigrantes et les femmes de couleur s’aventuraient à l’extérieur de leur foyer, hébergées dans la maison de leur employé en tant que domestiques, elles étaient souvent considérées avec méfiance.

Les temps ont changé à mesure que les femmes de la classe ouvrière affluaient dans les villes en quête d’un emploi, quand d’aucun(e)s s’inquiétaient pour leur vertu. Elles répondirent à la crise immobilière en amorçant la construction de « maisons de chasteté », comme l’histoire Nina E. Harkrader les appelle. Ces pensionnats réservés aux femmes attiraient les femmes actives dont le salaire précaire ne leur permettait pas une vie confortable. Ils étaient la parfaite occasion pour elles d’apprendre les valeurs de la classe moyenne. Ces femmes n’y vivaient pas totalement seules. Elles étaient surveillées par des « mères de maison », des femmes plus âgées qui contrôlaient leur comportement.

Ces maisons fleurissaient dans les centres urbains de tout le pays. En 1898, le département du Travail des États-Unis (DoL) recensait quarante-six villes pourvues de maisons pour les femmes actives dont la plupart étaient gérées par des groupes chrétiens. À l’origine, elles étaient censées être des logements temporaires. La Margaret Louisa Home à New York, gérée par la Young Women’s Christian Association (YWCA), fut construite afin d’offrir un logement aux nombreuses femmes qui affluaient dans la ville en 1891. Selon le DoL, ses occupantes étaient chapelières, gouvernantes, bibliothécaires ou encore vendeuses. Parmi les conditions d’admission, on retrouvait des critères tels que « bonne conduite », « autonomie » et « respectabilité ».

À mesure que les mœurs sociales évoluaient, et ce, en partie grâce au mouvement pour le suffrage féminin et à la participation des femmes aux deux guerres mondiales, les femmes de la classe moyenne et au-delà commencèrent à faire carrière elles aussi. Les hôtels réservés aux femmes devenaient monnaie courante. Il y en avait pour tous les goûts, des plus simples aux plus luxueux. Les femmes y séjourneraient pendant de courtes périodes ou pendant des années. Elles bénéficiaient d’un service de ménage et de restauration et elles pouvaient sympathiser avec les autres résidentes.

Ces hôtels accueillaient les femmes de la nouvelle génération qui, contrairement à leur mère, avaient accès à l’éducation supérieure et souhaitaient faire carrière avant le mariage. À leur apogée, des années 1920 aux années 1970, ils étaient des lieux où les femmes ambitieuses pouvaient rencontrer des camarades partageant les mêmes idées, faire leurs premiers pas dans la ville et profiter de leur vie

« Ces hôtels représentaient la liberté », déclare l’écrivaine et historienne Paulina Bren. Son livre, The Barbizon: The Hotel That Set Women Free (Le Barbizon : l’hôtel qui a libéré les femmes) retrace l’ascension et la chute de ce prestigieux hôtel. Les femmes qui n’avaient (…) Lire la suite sur National Geographic

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