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Au départ de cette enquête dans les coulisses de l’hôtellerie de luxe, à voir le 17 décembre 2020, les journalistes ont voulu viser les étoiles : celles des palaces parisiens. L’un d’eux les intéresse particulièrement, à cause d’un document qu’ils se sont procuré. En 2018, dans ce milieu plutôt discret, un rapport d’expertise a fait l’effet d’une bombe. Il porte sur les conditions de travail au Four Seasons George-V, un cinq-étoiles situé dans le quartier des Champs-Elysées. Un chapitre entier de ce rapport est consacré à la forte augmentation de la pénibilité.

Chaperonnée à distance… par une application pour smartphone

Le prestigieux établissement a refusé d’ouvrir ses coulisses à « Complément d’enquête » et n’a pas souhaité lui accorder d’interview. Alors, avant la pandémie de Covid-19, le magazine a décidé d’y faire embaucher Sarah, une journaliste de l’équipe, comme femme de chambre. Au terme de quelques jours d’essai, si celui-ci est jugé concluant, elle touchera 2 400 euros brut par mois, prime de précarité comprise.

Après quelques journées en doublon avec d’autres femmes de chambre en guise de formation, Sarah est prête à assurer son premier service en solo. Sa tenue lui a été fournie par l’établissement. Comme toutes les femmes de chambre du George-V, elle va être chaperonnée. Mais à distance, par une application.

Un chronomètre permet à la gouvernante de suivre sa progression en temps réel

Dès qu’elle pénètre dans la chambre à nettoyer, Sarah doit cliquer sur l’application. Un chronomètre se déclenche, et permet à la gouvernante, sa supérieure hiérarchique, de suivre sa progression à distance, en temps réel. Si Sarah dépasse le temps qui lui est imparti, la gouvernante le sait immédiatement.

Chambre 12, le chronomètre est lancé : Sarah a une heure pour tout nettoyer. Première mission : trouver des draps pour les lits jumeaux… et première déconvenue dans la réserve. Les draps « twin » sont introuvables. Sarah court d’office en office, avec une panière qu’elle doit porter à bout de bras.

L’heure tourne, la pression monte…

L’heure tourne, le ménage de la chambre n’est toujours pas commencé. Le chronomètre défile sur l’application, surveillé par les gouvernantes. La pression monte.

Sarah fait aussi vite qu’elle le peut. Enfin, elle a terminé… en une heure et quart. C’est trop. Elle essaie de rattraper le temps perdu avec la chambre suivante, mais l’application la trahit. Elle est encore en train de finir la salle de bains quand sa supérieure, la gouvernante, monte inspecter son travail…

Extrait de « Infiltrée dans un palace. Enquête sur les petites mains du luxe », un reportage diffusé dans « Complément d’enquête » le 17 décembre 2020.

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