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À Cannes, l’hôtellerie victime d’un inexorable effet domino

Depuis le mois de février, la ville qui vit de l’économie « de l’événementiel », congrès et festivals, souffre des effets de la crise sanitaire. Avant même l’annonce du confinement, 95 % de ses 120 hôtels, dont tous les palaces de la Croisette, devaient fermer à partir de ce week-end, faute de réservations.

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L’effet est saisissant. Quelques jours avant l’annonce du confinement, presque tous les palaces de la Croisette

avaient fermé, non par anticipation de cette décision, mais faute de réservations depuis la fin de l’été. Le Splendid (4 étoiles), volets baissés, depuis le 11 octobre. Le Grand Hôtel (5 étoiles) dont le prix des chambres s’échelonne de 140 à 2 400 € la nuit, fermé. Le Marriot, fermé pour l’année et en travaux. Le Gray d’Albion (de 149 à 6 869 € la nuit), fermé.

Ouvert depuis 1913, le Carlton a bloqué sa porte à tambour depuis le 28 septembre et entrepris de lourds travaux. Mardi après-midi, le 27 octobre, une manifestation de ses employés en colère débordait sur la Croisette. Le Martinez, avec ses 409 chambres (de 700 à 50 000 € la nuit), qui devait fermer le 2 novembre, a engagé un plan social de 25 départs volontaires.

Radisson Blu Cannes

Sur le port, le Radisson, qui baisse le rideau à la fin de cette semaine, va licencier 70 % de ses 90 employés. Les casinos ont verrouillé leurs portes depuis le 24 octobre. Les restaurants courent après les clients. Et des fonds de commerce sont à vendre, ici et là.

« Ce n’est plus une année blanche. C’est une année noire, reconnaît Sophie Mouysset, directrice de cabinet adjointe du maire. Cannes est, après Paris, la ville la plus sinistrée. Tout a commencé fin février, avec l’annulation soudaine, du MIPIM, le grand congrès de l’immobilier, qui fait venir 35 000 participants pendant quatre jours. Ce fut le début de l’effet domino avec l’annulation consécutive de onze manifestations, dont le festival du film en mai qui attire 150 000 professionnels sur douze jours. La perte pour la ville est estimée à 693 millions d’euros. Le taux de perte pour le Palais des Festivals est estimé, là aussi, à 90 %. Un Cannois sur deux vit, de près ou de loin, de l’économie du tourisme, des Congrès et des festivals. »

« L’équilibre du cycliste »

Appuyée sur cette économie « de l’événementiel », Cannes est condamnée, selon l’expression de son maire, David Lisnard, à pratiquer « l’équilibre du cycliste ». Toujours pédaler pour ne pas tomber. L’hôtellerie, premier employeur de la ville – un emploi sur cinq – compte 120 établissements et offre une capacité de 352 000 nuitées par an, 550 bars-restaurants et quatre casinos.

« Quand tout a commencé fin février, raconte Christine Welter, présidente du Syndicat des hôteliers de Cannes, nous avions engagé 3 000 saisonniers pour neuf mois. Nous avons dû interrompre leur contrat en mars, les rappeler à la mi-juillet avec un contrat jusqu’en décembre. Nous avons cherché le plus possible à saisir le dispositif du chômage partiel qui, malgré tout, nous coûte de l’argent. » D’ores et déjà, ce secteur a perdu 80 % de son chiffre d’affaires sur l’année.

 

Le festival de Cannes, à Cannes, coûte que coûte
La plupart des hôtels n’avaient rouvert que fin juin et souvent seulement le week-end. Même régime, après le plein pendant les vacances d’été, faute de clients. L’hôtel Martinez, explique Yann Gillet, son directeur général, emploie 200 salariés et 600 saisonniers pendant le festival du film et l’été. Fermé pendant le confinement. Il n’a rouvert que fin juin et que le week-end à partir de la mi-septembre. Il estime la perte de son chiffre d’affaires à 50 % et ne table pas sur un retour à la normale avant le deuxième trimestre 2021.

Une cellule de soutien financier et psychologique

Au Croisette Beach, un 4 étoiles de la chaîne Accor, qui n’a rouvert que le 1er juillet et connu un taux de fréquentation inespéré tout l’été, le soufflé est retombé dès septembre. Lucile Falguières, sa directrice générale, prévoyait de fermer son établissement le 1er novembre. Elle n’avait plus qu’une ou deux chambres réservées par jour sur les 94 disponibles. Avec déjà 70 % de pertes du chiffre d’affaires sur l’année, elle imagine rouvrir

Un accord de branche sur « l’activité partielle de longue durée » devait être signé ce jeudi 29 octobre pour alléger la pression des employeurs. En contrepartie, ils s’engagent à ne procéder à aucun licenciement pendant deux ans.

La situation est telle à Cannes que le maire vient de mettre sur pied un dispositif pour les travailleurs indépendants, les commerçants, les artisans, « victimes invisibles du Covid », d’installer une cellule de soutien financier et psychologique, et de débloquer une enveloppe de 200 000 € pour leur venir en aide. L’envers du décor de la Riviera…

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