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Lourdes, deuxième ville hôtelière française, s’apprête à souffrir encore

Après une saison 2020 quasiment à l'arrêt, le sanctuaire Notre-Dame-de-Lourdes et les hôteliers s'attendent à n'avoir qu'un tiers de la fréquentation habituelle en 2021, avec la suppression des grands pèlerinages. Quelque 2.500 saisonniers se sont retrouvés sans travail l'an dernier et un millier d'entre eux ont quitté la ville, qui perd des habitants.

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Entièrement vouée au tourisme religieux, la partie basse de la ville de Lourdes autour du sanctuaire Notre-Dame est très calme en ce début juin. Moins d’une dizaine d’hôtels ont rouvert pour le pèlerinage du diocèse de Lyon. La plupart des boutiques de souvenirs aux noms évocateurs – « A la protection de Marie », « A la croix du pardon», etc. -, sont fermées, laissant voir un alignement de rideaux baissés à la place des figurines religieuses.

La crise sanitaire a fait chuter l’économie de la ville des Hautes-Pyrénées qui vit essentiellement du tourisme religieux, après les apparitions de la Vierge Marie à Bernadette Soubirous en 1858. Dans cette bourgade de 13.200 habitants, la venue de 3,5 millions de visiteurs et pèlerins par an génère 3.500 emplois et 350 millions d’euros de recettes. C’est dire le traumatisme causé par la suppression des pèlerinages en 2020.

A l’entrée de la cité mariale, l’association des saisonniers a ouvert un comptoir alimentaire qui donne des vivres à 70 familles. En temps normal, les 200 établissements d’hébergement, les cafés-restaurants et les 200 magasins de souvenirs de la cité emploient 2.500 saisonniers d’avril à octobre. Beaucoup vivent là à l’année. Quand le Covid est arrivé en mars 2020, les saisonniers n’avaient pas repris et n’ont pas eu droit au chômage partiel.

Un millier de saisonniers ont quitté la ville, qui avait déjà perdu 2.000 habitants en quinze ans.

« On a vu arriver les fins de droits au chômage et certains avaient du mal à se nourrir, alors nous avons transformé le collectif en association pour monter ce comptoir alimentaire », explique Emilie Auburgan, présidente de l’association. Après une grève de la faim de l’ancienne présidente, l’Etat a accordé en décembre un complément de revenu aux saisonniers pour arriver à 900 euros par mois jusqu’à août 2021. Un millier d’entre eux ont quitté la ville, qui avait déjà perdu 2.000 habitants en quinze ans. D’autres travaillent dans un centre d’appels, l’aide à la personne ou le bâtiment. Ancienne cheffe de réception dans un hôtel quatre-étoiles, Emilie a été embauchée au centre de vaccination contre le Covid-19.

Les étrangers ne viennent plus

Après avoir enregistré 2,1 millions de nuitées en 2019, l’hôtellerie a perdu 85 % de la clientèle en 2020 et l’année 2021 s’annonce à peine meilleure. « L’hôtellerie de Lourdes attire 80 % de groupes et 63 % d’étrangers, explique Christian Gélis, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) des Hautes-Pyrénées. Ce sont surtout des familles et des personnes âgées ou fragiles qui sont plus frileuses pour voyager tant que le virus est là. »

Toutefois, 60 des 143 hôtels classés s’apprêtent à rouvrir d’ici à l’été. Mais pour Laetitia Barzu, gérante de l’hôtel Lys de Marie au bord du Gave, « la saison s’annonce très difficile. Nous avons peu de réservations et ce sont des petits pèlerinages de 250 personnes au lieu de 3.000 ».

Les plans de relance de l’Etat et de la région Occitanie tiennent le secteur sous perfusion en conjuguant aides directes, prêts garantis, activité partielle et exonérations de charges pour plus de 75 millions d’euros. Il n’y a pas eu de fermeture mais la reprise s’annonce difficile, notamment pour la quinzaine d’hôtels en difficulté avant la pandémie. « Si les établissements doivent rembourser leurs dettes dans un délai trop court, ils ne tiendront pas, prévient Christian Gélis. Il faut un mécanisme de rachat de dette ou de participation au capital pour étaler les remboursements et passer le choc de trésorerie en sortie de crise. »

35 % de fréquentation espérée (…) Lire la suite sur Les Echos

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