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COMMENT VA REBONDIR L’ÉCONOMIE FRANÇAISE LORSQU’UN VACCIN SERA DISPONIBLE

Selon le cabinet Asterès, l'administration d'un vaccin fin 2021 ferait perdre 60 milliards d'euros au PIB français par rapport au scénario dans lequel la population serait immunisée dès la fin du premier semestre.

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Les annonces se succèdent. Après Pfizer, le laboratoire Moderna a révélé lundi avoir développé un vaccin efficace à 94,5% contre le Covid-19. Une lueur d’espoir dans un contexte sanitaire et économique encore largement dégradé.

Encore faut-il que ces laboratoires pharmaceutiques obtiennent l’autorisation de mise sur le marché de leur découverte. Surtout, il convient pour les Etats concernés d’organiser dès à présent la logistique afin de lancer une campagne de vaccination le plus rapidement possible auprès de leur population. Car plus celle-ci interviendra tardivement, plus les économies continueront de souffrir.

C’est ce que tente de démontrer le cabinet de conseil Asterès dans une étude parue ce mercredi. Deux scénarios y sont présentés: l’un optimiste, avec l’administration d’un vaccin à une part importante de la population française dès la fin du deuxième trimestre 2021. L’autre pessimiste, avec une immunité collective atteinte grâce au vaccin qu’à partir de la fin de l’année 2021.

> Un rebond d’abord poussif en cas de vaccin dès mi-2021…

Dans la première hypothèse, l’épidémie s’arrêterait en France dès le mois de juillet. De quoi permettre à l’économie de rebondir de 4,7% sur l’année 2021, après -10,2% en 2020, et de résorber légèrement le déficit à -7,3% (contre -11% cette année). Notons que s’il s’agit du scénario décrit comme optimiste, il demeure bien plus prudent que celui du gouvernement, lequel table sur une croissance de 6% l’année prochaine.

En effet, Asterès s’attend à une reprise « poussive » sachant que plusieurs secteurs resteraient « bloqués » sur le premier semestre 2021, en particulier ceux du tourisme, de la restauration et du transport. « Même dans un scénario optimiste, la restauration ne pourrait pas servir en salle et en terrasse jusqu’à la mi-2021, amputant fortement les capacité de rebond l’an prochain. Les pouvoirs publics maintiendraient les dispositifs d’aide (comme le chômage partiel) de façon à soutenir les entreprises concernées », prédit le cabinet.

L’hébergement-restauration n’afficherait ainsi qu’une croissance de 1% l’an prochain, contre 1,4% pour le transport. Et la dégradation du bilan des entreprises ainsi que l’appauvrissement de certains ménages auront pour conséquence de limiter « la vigueur du rebond » au troisième trimestre.

…avant un décollage en 2022

La reprise serait en revanche beaucoup plus vive en 2022 avec une croissance de 5,1% et un déficit réduit à -5% du PIB. « La consommation des ménages et l’investissement dépasseraient alors de 1% leur niveau d’avant-crise », souligne Asterès. Mais cela aura parallèlement tendance à pénaliser le commerce extérieur, l’accélération de la consommation et de l’investissement dopant les importations tandis que les secteurs exportateurs comme l’aéronautique « seraient plus lents à effacer les stigmates de la crise ».

Encore timide en 2021, le rebond de secteurs partculièrement fragilisés comme l’hébergement-restauration et le transport sera bien plus puissant en 2022 avec une progression de l’activité de 41% pour le premier et de 18,8% pour le second. Seul le secteur de l’hygiène enregistrerait une contraction de son activité à la fois en 2021 (-11%) et en 2022 (-27%). Cela s’explique par le reflux de la demande après la croissance de la production fulgurante de 134% observée lors du premier confinement.

Malgré tout, ce scénario jugé optimiste ne permettra pas à l’économie française de retrouver rapidement son niveau d’avant crise. Fin 2022, le PIB tricolore devrait être de 1% inférieur à celui de 2019. La dette, elle, devrait atteindre 125,9% de la richesse nationale.

> Perte de 60 milliards d’euros en cas d’administration du vaccin fin 2021

Un autre scénario, plus pessimiste, prévoit qu’une proportion suffisante de la population se soit vue administrer le vaccin pour parvenir à l’immunité collective seulement à la fin de l’année 2021. Cette hypothèse entraînerait une perte de PIB de 60 milliards d’euros (43 milliards en 2021 et 17 milliards en 2022) par rapport au scénario optimiste présenté précédemment, et un coût de 30 milliards d’euros pour les finances publiques.

La reprise serait ainsi limitée à 2,7% l’année prochaine. « Sur l’ensemble de l’année, les secteurs du tourisme, du transport et de l’hôtellerie-restauration resteraient fortement perturbés et l’activité économique stagnerait jusqu’à l’administration d’un vaccin à la fin du quatrième trimestre », note Asterès. Dans le détail, l’activité dans l’hébergement-restauration (-28,1%) ou le transport (-6,9%) continuerait à décroître. Avec le commerce (+9%), la construction (+6%) et les cosmétiques seraient les rares secteurs en croissance, le premier bénéficiant de l’ouverture des chantiers et le second d’une reprise de l’activité après une chute brutale liée au confinement de 2020.

Il faudra patienter jusqu’au premier trimestre de 2022 pour commencer à percevoir les signes du net rebond avec une croissance estimée de 6,4%. Malgré tout, le PIB resterait inférieur de 2% à son niveau de 2019 fin 2022 et la consommation des ménages comme l’investissement de 1% par rapport au niveau d’avant crise. En revanche, « l’atonie de la consommation et de l’investissement dans le scénario négatif limiterait le déficit commercial à -60 milliards d’euros en 2022, contre -75 milliards d’euros dans le scénario positif ». Le déficit public serait quant à lui de -9% en 2021 et de -5% en 2022. La dette avoisinerait pour sa part 128% du PIB.

Les secteurs les plus affectés par la crise comme l’hôtellerie-restauration (-28,2%) et le transport (-6,9%) continueront à se détériorer en 2021 avant un puissant rebond respectif de 89% et de 22,4%. « La fabrication de produits d’hygiène serait également en retrait de -4 % et -15 % en 2021 et 2022 du fait d’un point de départ particulièrement haut en 2020 », explique Asterès.

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