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Les rassemblements sont généralement modestes mais bien visibles avec leur pluie de cotillons. Leurs organisateurs les appellent les «jeudis de la colère» car ils ont lieu chaque jeudi à Paris, depuis le 4 mars, sous les fenêtres d’un grand hôtel du groupe international Marriott. La semaine dernière, les salariés du Westin Vendôme, accompagnés par la CGT-HPE (hôtels de prestige et économiques) et d’autres employés du Marriott Rive Gauche et du Méridien, ont choisi de se retrouver devant leur propre établissement, en face du jardin des Tuileries – comme le 18 mars, quand Libération les avait rencontrés pour la première fois. La raison d’être de ces rassemblements, c’est la dénonciation d’un plan social massif qui se déroule à bas bruit dans la capitale. Ses victimes sont les salariés de l’hôtellerie haut de gamme, des établissements affichant quatre ou cinq étoiles, installés dans les beaux quartiers et appartenant généralement à de grands groupes étrangers. Les nombres varient d’un établissement à l’autre et ne livrent qu’un détail du tableau : quand le Hyatt Louvre (groupe Constellation) supprime une trentaine de postes, le Méridien Etoile (Marriott International), la plus grande capacité de Paris avec 1 000 chambres, en efface 245. «Nous sommes dans un contexte de crise sans précédent», explique la direction de l’établissement, sans fournir de données sur sa situation financière. En conséquence de quoi, l’un des deux bâtiments va fermer ses portes jusqu’à nouvel ordre.

Additionnées, ces coupes représentent au moins un millier de personnes rien qu’à Paris. Avec des conditions variables : certains établissements proposent des départs volontaires et des indemnités supralégales, mais d’autres licencient purement et simplement, sans bonus. Fers de lance du mouvement, les salariés du Westin Vendôme sont près d’un sur deux, soit 167 personnes, à se voir condamnés au chômage. «En majorité, des femmes de chambre et des gouvernantes», selon Iba Konté, l’un des porte-voix de ces salariés qui s’opposent non seulement à la direction mais aussi à leurs délégués syndicaux qui négocient les conditions du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) avec elle. Ces postes, l’hôtel en aura toujours besoin lors du retour des clients mais ces salariés craignent qu’ils soient à l’avenir sous-traités à d’autres sociétés. Une pratique que la CGT-HPE dénonce depuis plusieurs années, notamment lorsqu’elle touche les métiers du nettoyage. Les salariés du Westin Vendôme soupçonnent leur propriétaire, le groupe britannique Henderson Park (la direction de l’établissement n’a pas souhaité s’exprimer), de vouloir ainsi «valoriser l’hôtel avant de le revendre». Et ce, après avoir bénéficié des dispositifs publics mis en place par l’Etat.

Quatre milliards d’aides

C’est un fait : le secteur de l’hôtellerie est de ceux qui auront été le plus activement soutenus par les pouvoirs publics. Sur 26 milliards d’euros engagés depuis le début de la crise pour soutenir l’industrie du tourisme, l’hébergement-restauration parisien en a perçu 4, selon des données communiquées par le secrétariat d’Etat chargé du Tourisme. Près de 800 millions ont été versés au titre du fonds de solidarité, quand l’activité partielle (intégralement indemnisée par l’Etat) aurait représenté 829 millions d’euros. A cela s’ajoutent 2,36 milliards d’euros de prêts garantis par l’Etat et 27 millions d’euros de report d’échéances fiscales. Il faut dire aussi que même s’ils n’ont pas subi de fermeture administrative, les établissements hôteliers pâtissent durement de la crise sanitaire et des mesures adoptées, mois après mois, pour freiner la propagation du virus. (…) Lire la suite sur Liberation (article payant – offre speciale 1€ 48 jours)

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