Un lieu, un mythe, l’Alcazar | Michel Besmond, éternel dandy !

(Par Oscar Face, Auteur) C’était il y a 22 ans. Un OVNI atterrissait Rive Gauche. L’Alcazar de Terence Conran. Jusqu’à son arrivée, la restauration « Lounge » en était, en France, à ses balbutiements (Le Barfly, la Véranda, le Buddha Bar, l’Hôtel Costes…), cantonnée rive droite et pensée par des esthètes forcément philanthropes tant le risque était grand (Groupe George V Restauration Thierry Bégué et Raymond Visan notamment).   Rive Gauche, on sirotait encore un Martini au Lutetia avant de s’encanailler chez Castel rue princesse où Beigbeder présidait le Caca's Club.

En 1994, un aventurier disruptif de retour du Nouveau Monde qu’il avait sillonné en compagnie d’artistes, intellectuels et créateurs,  revint dans le Saint-Germain-des-Près de sa prime jeunesse, celui qu’il avait sillonné aux côtés des philosophes et sociologues dont il était l’élève à la Sorbonne. On le dit bien souvent, l’exil aiguise les sens, la curiosité et… le sens critique  !   À New York, le brassage des cultures faisait de Sylvester le roi de la nuit, du Club 54, le  rock underground du Velvet cédait du terrain au disco et aux premiers rap de Sugarhill Gang, le pop-art de Warhol allait croiser Basquiat. Que d’effervescence. Et Rive Gauche ? Si les brasseries historiques pullulaient, aucun lieu comparable à ceux qui animaient alors New-York ou Londres. Et si la restauration reflétait son époque ?

Cet homme c’est Michel Besmond, l’éternel dandy sorbonnard vêtu de noir . Porté par son constat et son irrésistible envie de faire revivre ce lieu si parisien (où résonnent encore les éclats de voix de  Jean-Marie Rivière mais également les chansons de Dani ou de Marie-France qui en avaient fait un lieu underground dans les années 70), il n’hésite pas à investir toutes ses économies pour emporter l’Alcazar. Lui, l’éternel adolescent à la mèche rebelle, à la voix douce et bienveillante qui, à 30 ans, avait déjà parcouru une bonne partie de la planète, décidait donc, mû par sa seule envie et passion, de « tenter le diable » en reprenant ce lieu certes historique mais à l’architecture complexe proposant commercialement une salle immense  sur deux niveaux, d’innombrables recoins…. mais  pas de terrasse  !

Seul, à bord d’une « coquille vide » (mais n’avait-il pas construit son propre voilier à Cergy Pontoise en 1969 avant de naviguer autour du Monde ?), il proposa  le lieu à trois groupes qui semblaient correspondre à l’esprit « Feeling good! » : Alessi, le designer italien, ne répondit pas à sa demande, le groupe Costes, encore à ses débuts, n’était pas vraiment intéressé ou tout du moins pas dans les conditions proposées par Michel.

Terence Conran, ce génie du design

Terence Conran et Michel Besmond à l’ouverture de l’Alcazar

C’est alors que Terence Conran, le plus français des Lord anglais, fondateur d’Habitat, roi du design, répondit à ce français plein de culot : « ce qui m’intéresse dans ton projet, c’est ton envie de faire ! ». En 1995, allait naître l’Alcazar AZ et sa fameuse Mezzanine. Club, Restaurant, Cabaret, Bar et night-club avec le WAG (ex Rock’n Roll Circus avec Sam Bernett aux commandes -lieu supposé de la mort de Jim Morrison- puis Whisky à Gogo en 1972 ), pendant 20 ans ce lieu hybride visionnaire devint « The place » de la rive gauche et Michel Besmond, son magicien, assisté de Guillaume Lutard en Cuisine et de Fabrice Gilberdy son directeur de salle.  20 années d’innovations, de fêtes, de premières et de collaborations inédites (Top Chef…)… !

Entre temps, de nombreux établissements qui avaient fait les nuits parisiennes disparurent : le Barfly devenu Bound puis désormais MissKo, la Véranda…

Le Buddha bar, Le Costes et l’Alcazar sont les derniers témoins de cette aventure du lounge !

Pour ne pas disparaître et face à l’érosion de sa clientèle historique constituée d’un savant mélange entre  Génération X et baby-boomers, Michel Besmond entama une longue réflexion et prit là encore, une décision risquée : si la cuisine du Temple (comme ses aficionados surnommaient l’Alcazar)  avait évolué, l’ambiance était trop marquée 2000 ; il fallait ancrer l’Alcazar dans le présent, repenser profondément le décor !

Une rencontre déterminante, Laura Gonzalez

Michel Besmond et Laura Gonzalez

Curieux, à l’affût de jeunes talents, il rencontra plusieurs décorateurs de renom mais fut séduit par la proposition d’une jeune décoratrice alors au début de sa carrière : Laura Gonzalez. Pourquoi elle ? « (…) elle m’a rassuré en me disant  qu’on le [i.e. le projet] le ferait ensemble! » répond Michel Besmond. Pari tenu et réussi !

Les réservations repartent et la génération « startup nation Millenials » découvrent ce lieu végétalisé.

Michel Besmond et Laura Gonzalez ont su faire de l’Alcazar  » la plus grande terrasse fermée de Paris »

En 2021 l’Alcazar, est un véritable abécédaire du lounge, de la restauration contemporaine mêlant 3 générations comme au « bon vieux temps » du Club 54 NYC ou du Palace : esthètes, hommes d’affaires, étudiants, hommes de lettres font de l’Alcazar un lieu d’échange, un havre de paix noyé dans la verdure.  Le groupe D&D (ex- Terence Conran) a reconnu le savoir-faire non seulement opérationnel mais également économique de Michel Besmond en le nommant, en 2010, auditeur du Groupe afin d’évaluer les performances des 15 restaurants du groupe.

Fabrice Gilberdy, Homme de talent

Fabrice Gilberdy aux manettes de l’Alcazar : un redémarrage sur les chapeaux de roue !

Après plus de 22 années passées à la tête de ce haut lieu du jour/nuit parisien, Michel Besmond a décidé de passer la main à son éternel complice, Fabrice Gilberdy. Là encore, son choix s’avère payant : les soirées Alcazar sont actuellement les plus courues de Paris !

Si l’on interroge les trois piliers de l’entreprise que sont Fabrice, le Directeur, Guillaume Lutard, le Chef et Capucine Sanz, la reine des privatisations et des lancements de produits, pour tenter de cerner le portrait de Michel Besmond, seuls les qualificatifs élogieux ont place ! C’est pourtant une évidence heureuse quand on le connaît : Michel traverse le temps, l’époque, l’espace, tout en discrétion et en humilité mais avec lui, on n’est jamais déçu ! On perçoit sa présence, ses idées, sa vision mais rien n’est jamais imposé, tout est subtilement évoqué jusqu’à la totale adhésion. On ne peut que l’aimer.

 

En 2021, pour Michel Besmond, le présent s’écrit toujours au futur : tout en intervenant ponctuellement à l’Alcazar, il conseille désormais des investisseurs pour mettre en place des concepts restauration clés en main. Avec lui, le succès est garanti et la pérennité assurée.

 

 

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