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Avec cette deuxième vague qui arrive juste après la première, 2020 confine au cauchemar sans fin pour l’hôtellerie haut de gamme et de luxe tricolore. Les professionnels qui espéraient un rebond à la rentrée, d’où certaines réouvertures d’établissement à la fin de l’été, en sont pour leurs frais. L’effondrement du tourisme et du voyage d’affaires international ne se dément pas, et les annulations de foire ou salon se sont poursuivies.

Dans l’Hexagone, le taux d’occupation des hôtels 4 étoiles supérieur ou 5 étoiles (dont ceux ayant la distinction « Palace ») est en recul de 47,5 points à la fin octobre par rapport à l’an dernier, à 26,1 %, selon le cabinet spécialisé MKG.

Chute libre à Paris

Avec un taux d’occupation de 31,8 %, la région PACA résiste un peu mieux. En revanche, la chute libre n’en finit pas à Paris : -56,1 points sur un an avec un taux d’occupation de 21,1 % en cumul à la fin octobre. Pis, pour les palaces proprement dits et autres 5 étoiles de la capitale, on enregistre actuellement des taux de remplissage inférieurs à 10 %.

Nouveau coup dur , le deuxième confinement s’est traduit par la fermeture des bars et restaurants des établissements, qui drainaient encore de l’activité, mais aussi d’hôtels.

Les hôtels ne sont pas sujets à fermeture administrative depuis le début de la pandémie, mais une partie d’entre eux ont fermé faute de clients. A Paris, le Crillon, célèbre palace de la place de la Concorde qui avait rouvert le 24 août, a, entre autres, refermé ses portes jusqu’au 1er décembre. A Nice, le Negresco a arrêté son activité « jusqu’à nouvel ordre ».

Mise en sommeil

Par ailleurs, la mise en sommeil de tout ou partie des services de certains 5 étoiles et palaces parisien se prolonge : la commercialisation des chambres et suites du Fouquet’s Barrière, du Peninsula, du Shangri-La et du Royal Monceau n’a toujours pas redémarré depuis la mi-mars. A contrario, le Ritz, le Four Seasons George V, Le Meurice, le Plaza Athénée ou encore le Bristol restent ouverts.

« C’est une question de philosophie car la conjoncture est la même pour tous », analyse le patron du pôle tourisme/hôtellerie de KPMG France, Stéphane Botz. « Nous nous sommes posé la question en anticipation des mesures du gouvernement. Nous nous sommes rapidement rattachés à la définition même d’un hôtel : accueillir les personnes ayant besoin d’être logés. Depuis notre réouverture le 1er septembre, nous avons eu un témoignage sans précédent de notre clientèle française. Il était donc essentiel de pouvoir continuer à les loger lors de leur déplacement à Paris », explique le PDG du Bristol, Luca Allegri.

Impact économique et social

Ce choc sanitaire en deux mouvements affecte une hôtellerie de prestige française fragilisée, en particulier à Paris, par le mouvement des « gilets jaunes » , et les grèves contre la réforme des retraites à la fin 2019 . Si le secteur bénéficie du soutien massif de l’Etat en faveur du tourisme, en premier lieu le financement du chômage partiel, l’impact de cette crise est loin d’être anecdotique sur le plan économique et social.

Détenus par de riches propriétaires étrangers et français, les 31 palaces français ont généré un milliard d’euros de chiffre d’affaires au global l’an dernier, sachant qu’ils emploient à eux seuls 7.100 salariés, sur la base d’un ratio 2,3 employés par chambre. Il faut y ajouter 390 autres hôtels 5 étoiles et les 134.424 établissements 4 étoiles, dénombrés à la fin 2019. Soit plus de 70.000 salariés au total selon KPMG.

Transformation

Alors que les fêtes de fin d’année approchent, bien des professionnels et experts ne tablent pas sur un début de reprise avant l’été 2021. « Cette crise va rester une grande épreuve jusqu’à la fin de l’hiver, mais je reste optimiste avec la dernière élection américaine et la promesse du vaccin (l’annonce de Pfizer, NDLR). Le voyage de luxe de loisirs va reprendre avant le voyage d’affaires », veut croire Gerald Krischek, le directeur général du Prince de Galles , l’un des cinq étoiles de l’Ouest parisien encore ouverts.

En attendant, les hôtels de luxe peaufinent leurs plateformes de réservation, d’enregistrement ou de restauration en ligne, voire développent de nouveaux services de proximité. Le Prince de Galles a, par exemple, lancé il y a quelques jours un service de livraison à domicile via Deliveroo. Il propose des plats de son chef Gérald Poirier – coquillettes bio à la truffe noire et au jambon francilien ; tartare de bar à la pistache et au fenouil…-, des pâtisseries ou encore de bonnes bouteilles. « Nous n’excluons pas de maintenir un tel service une fois passé la crise », précise le directeur général du Prince de Galles.

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