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Bretagne. Une thalasso soupçonnée de harcèlement moral envers de nombreux employés pendant six ans

Des salariés dénigrés, rabaissés, accusés de se plaindre sans arrêt et d’être responsables des pertes de l’entreprise (- 800 000 €), une organisation volubile, pas d’évaluation ni de prévention des risques psychosociaux, du chantage à l’emploi (employés poussés à la démission ou à l’abandon de poste), une multiplication des CDD et des licenciements abusifs (plus de 945 000 € d’indemnités de conciliation créant une ambiance délétère), le déménagement du mobilier…

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Trente employés du groupe

Cet inventaire à la Prévert est la liste des charges retenues par le parquet de Quimper (Finistère), contre la direction de Thalasso.com. Jeudi 3 février 2022, le directeur général, le directeur des ressources humaines, la responsable de la centrale et le gérant sont poursuivis pour harcèlement moral envers trente employés du groupe, dont six de la centrale téléphonique de l’entreprise à Douarnenez (Finistère), de 2013 à 2019.

Déferlement aux Prud’hommes

Seuls le PDG (personne morale) et la responsable de la centrale sont présents au tribunal judiciaire de Quimper. La présidente du tribunal, Virginie Benech, évoque « un management à l’agressivité et à la dureté revendiquées ». La SARL Thalasso.com employait alors 450 personnes dans ses quatre thalassos à Douarnenez et Roscoff (Finistère), Pornichet et Saint-Jean-de-Monts (Vendée), ainsi qu’un hôtel à Tours (Indre-et-Loire). Une cinquantaine d’entre elles sont allées aux Prud’hommes et ont gagné.

« Je ne suis pas une assistante sociale »

En 2020, la société a enregistré « un chiffre d’affaires de trois millions d’euros et un résultat de 50 000 € », précise un de ses deux avocats. Le tribunal diffuse l’enregistrement d’un entretien, en 2016, entre les trois chefs mis en cause et les six employées de la centrale téléphonique. Le ton du directeur général et celui de son directeur des ressources humaines sont menaçants, les propos cassants : « Je ne suis pas une assistante sociale », ose le DRH.

Culpabilisation

En fin d’entretien, le directeur général annonce aux employées que « la conséquence » de leur travail et de leur comportement, dont il se dit « déçu », est la création immédiate d’une seconde plate-forme à Saint-Herblain, près de Nantes (Loire-Atlantique). Elle tiendra deux semaines. Les jours qui suivent, aucune des six employées ne se rend au travail.

Ils nient

En période d’essai (non reconduite) de juin à octobre 2016, la responsable de la plate-forme nie en bloc : « Ma mission était de remonter les chiffres de l’entreprise. Et ce, quels qu’en soient les moyens. Je ne suis pas restée assez longtemps pour mettre en place un management. »

« Dégage »

« Prends un sac-poubelle, ramasse tes p***** d’affaires et dégage. Tu es la première, mais les autres vont suivre », aurait-elle lancé à une des employées de Douarnenez. Nouvelle dénégation. « Comment avez-vous pu vous faire une telle réputation en dix jours ? Vous étiez le bras armé du directeur… », la cuisine le procureur Dominique Tailhardat. « Tout est faux. Il y a eu un effet de masse. » Elle confirme à l’un des avocats de la défense que « le service était déjà en souffrance et les relations interpersonnelles détestables », lorsqu’elle est arrivée en juin 2016.

Des termes guerriers

Le PDG reconnaît que son directeur général utilisait « des termes guerriers. Le problème, c’est qu’il s’emportait. Quand ça partait, ça partait. Lorsqu’il allait trop loin et utilisait des termes inappropriés, j’intervenais ». Il ne l’a pourtant pas fait lorsque le directeur a écrit : « Je vous promets de la sueur, du travail, du sang et des larmes. Bonjour les deux fois 35 heures, week-ends et jours fériés… » D’autres mails vont encore plus loin : il compare ses employés à Daech et utilise un vocabulaire mortifère.

Le PDG botte en touche

« Ce sont des propos stupides, débiles. C’est nul ! Le directeur général a toujours été habitué à ne pas être là en cas de problème », se décharge le PDG. Sa fille, entendue par les gendarmes, a déclaré que « le directeur général faisait ce qu’il voulait. Tout le monde semblait vivre dans la peur qu’il inspirait ». Le PDG explique qu’il n’a pas cru sa fille et qu’il ne se serait pas rendu compte du « travail de sape mis en place par le directeur ».

« Management toxique »

Lors de ses auditions, le directeur général a contesté le harcèlement et justifié ses mails comme une façon de motiver ses troupes. Un management approuvé par son directeur des ressources humaines lorsqu’il est entendu par les enquêteurs. Celui-ci a démissionné, tandis que le DG a été licencié : il a volé dans la caisse.

L’ancienne DRH lance l’alerte

Partie civile, l’ancienne DRH en 2013-2014 a lancé l’alerte. Sa plainte a d’abord été classée sans suite, puis le parquet a ordonné une enquête pénale menée par les gendarmes et une enquête administrative conduite par l’inspection du travail.

Témoignage édifiant

Elle raconte ses relations professionnelles avec le directeur général. Son témoignage est édifiant : « Dénigrement, mépris, blagues douteuses, misogynes, raciales, sexistes. » Elle prend le PDG à partie, lui reproche son « silence » et évoque sa tentative de suicide et « ma carrière ruinée à cause d’eux ». Son avocat, Me Eric Surzur, condamne le management de cette entreprise « en zone de guerre ». Il demande 70 000 € pour le préjudice professionnel et 30 000 € pour le préjudice moral.

« Terreur »

Me Catherine Février, demande 10 000 € pour une employée et autant pour la CFDT du Finistère. Dans sa plaidoirie, elle donne vie à « la terreur » des salariées face à ce « management toxique. On a tous l’image d’Épinal de la thalasso : luxe, bien-être et volupté. Ce dossier, c’est l’opposé ». Le procureur Dominique Tailhardat requiert du sursis : 18 mois contre le DG, 10 contre le DRH, 6 contre la chef de plate-forme et 50 000 € d’amende contre la société.

« Pas constitué » (…) Lire la suite sur La Roche-sur-Yon Ma Ville

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