Sixième employeur de France, avec 960 000 actifs, l’hôtellerie-restauration peine en général à trouver suffisamment de jeunes pour répondre à l’incessant besoin de bras (et de têtes) du secteur. La pandémie a changé la donne. Si presque toute l’économie a été touchée par la raréfaction des offres d’emploi au deuxième trimestre, leur chute a été vertigineuse (– 54 %) dans le domaine du tourisme au sens large, dont les CHR (cafés, hôtels, restaurants) représentent 70 % des salariés (un tiers a moins de 30 ans). Et la deuxième vague, qui a entraîné la fermeture des bars et restaurants, ne va pas arranger les choses. Sans parler des perspectives internationales – l’un des atouts du secteur pour séduire les étudiants – qui restent elles aussi bouchées pour cause de pandémie.

« Cette industrie, en pointe dans l’offre de stages et de contrats d’apprentissage pour les jeunes, n’est plus en capacité d’assurer sa mission d’ascenseur social », prévient Vanguelis Panayotis, président de MKG Consulting, auteur chaque année d’une étude de référence sur l’industrie hôtelière, lui-même diplômé d’une grande école hôtelière suisse, l’Institut de hautes études de Glion.

« Des jeunes sans stage ou sans alternance au moment d’une rentrée, c’est une première », reconnaît Bruno de Monte, le directeur de Ferrandi, la grande école parisienne du secteur. Dans son discours d’accueil, début septembre, il dit avoir prévenu ses étudiants qu’ils allaient devoir « s’ouvrir à d’autres types d’hôtellerie et d’hébergement, moins traditionnels, les nouveaux concepts résolument disruptifs que sont les Mama Shelter, Citizen M, Greet… ». Tout en s’efforçant de rassurer ceux qui ne rêvent que d’hôtels étoilés et de grandes chaînes internationales : « On apprend aussi beaucoup chez les indépendants… »

Pour l’heure, côté étudiants, nul n’envisage encore de renoncer à sa vocation. « La crise a un peu compliqué les choses », euphémise Thomas Laborde, 23 ans, jeune diplômé de la Luxury Hotelschool de Clichy (Hauts-de-Seine), en alternance au Shangri-La de Paris, qui ne rouvrira ses portes que le 1er décembre. Le jeune homme ne baisse pas les bras : « Ce métier est un métier de contacts, de relations, de rencontres, avec une tradition d’entraide et de solidarité. »

Pas de regrets

Charlotte Pellen, 21 ans, garde elle aussi le moral – et la conviction qu’elle a pris la bonne voie. « J’avais trouvé un stage au Canada en février, dans un hôtel 4 étoiles près de Montréal, mais j’ai été licenciée au bout de trois semaines à cause du Covid-19 », raconte cette étudiante qui vient de boucler sa troisième année de licence « tourisme et culture » à l’université d’Angers.

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