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C’est dans la suite Magritte, au cœur de « son » hôtel Amigo, où il fait une brève escale, qu’il nous reçoit à l’heure du thé. Il a prévu une seule interview pour la presse belge. On ne s’en plaindra pas. D’autant que derrière son sourire et son teint hâlé, le patriarche du groupe hôtelier qui porte son nom n’a rien perdu de sa verve.

À l’échelle du groupe, l’ardoise du confinement dépasse 100 millions de livres.

Et quand on lui demande s’il n’a pas envie, surtout après les turbulences des derniers mois, de passer la main à un de ses cinq enfants (dont quatre filles), la réponse fuse, dans un grand sourire: « Je n’ai jamais été aussi actif. Je viens de perdre mon directeur des opérations et j’ai donc dû reprendre au pied levé son poste, en attendant son remplaçant. Mais je ne m’en plains pas: j’y trouve énormément de plaisir et j’ai bien l’intention de continuer quelques années à rester à la barre. Je fais d’ailleurs toujours du sport pour rester en forme. Mais un peu moins qu’avant… », sourit l’ex-sportif de haut niveau, autrefois spécialiste du triathlon au point de représenter la Grande-Bretagne aux championnats du monde.

Bilan plombé, mais à géométrie variable

On l’invite à faire un bilan chiffré des mois écoulés. On relève notamment une augmentation de capital de 9 millions d’euros ciblant en octobre dernier la société portant l’hôtel Amigo (Rocco Forte & Family Belgium Limited), suivie d’un apurement des pertes à hauteur de 25,4 millions, ramenant le capital de 33,8 à 8,4 millions d’euros.

 

« En Allemagne, sans trop de contraintes administratives, nous avons déjà reçu une aide de 19 millions d’euros. (…) En Belgique, par exemple, nous avons reçu 190.000 euros en tout et pour tout… » SIR ROCCO FORTE

 

Et, comme à son habitude, le propriétaire des murs ne tourne pas autour du pot. « Notre secteur industriel a vraiment bu le calice jusqu’à la lie: tout s’est arrêté brutalement. Sur notre dernière année comptable, de mai 2020 à avril 2021, on n’a pas atteint 20% de nos réservations habituelles. À l’échelle du groupe, l’ardoise dépasse 100 millions de livres: un trou qu’il a fallu combler sans avoir pu en prévoir le financement. Mais on y est arrivé… »

Quand on lui demande si c’est avec l’aide des pouvoirs publics qu’il s’est renfloué, nouveau sourire… « Je ne peux pas mettre tous les gouvernements dans le même panier, même si la plupart sont intervenus pour payer temporairement les salaires du personnel mis au chômage technique. En Allemagne, sans trop de contraintes administratives, nous avons déjà reçu une aide de 19 millions d’euros. Et il n’est pas exclu qu’une seconde arrive, sans que nous devions rembourser. Au Royaume-Uni, où le siège de la société se trouve toujours, la TVA sur nos services a été fortement réduite depuis la crise – de 20% à 5% – pour relancer la machine. L’Italie a permis un report des remboursements à tout niveau (taxes et crédits en cours) et facilité les lignes de crédit. Par contre, en Belgique, par exemple, nous avons reçu 190.000 euros en tout et pour tout… »

« Les résultats opérationnels sont repartis à la hausse »

Mais très vite, le COO ad interim rebondit et se tourne vers le futur. « Depuis l’été déjà, les résultats opérationnels sont repartis à la hausse. Et ces derniers mois, en Italie, par exemple, on atteint pour septembre et octobre des taux de réservations qui dépassent ceux d’avant la pandémie. La clientèle américaine y est revenue en masse, notamment rassurée par les taux de vaccination. Le fait que Mario Draghi ait créé, quand il a pris la tête du gouvernement, un ministère du Tourisme nous a bien aidés. Il s’est rendu compte que le secteur représentait à lui seul 13% du produit intérieur brut et 15% de l’emploi total. Par contre, dans certains pays, comme la Russie, par exemple, c’est toujours très compliqué pour l’instant. Mais on est globalement surpris par l’intensité de la reprise là où les touristes reviennent en force. »

On revient brièvement en Belgique, où le bruit court que des chantiers de rénovation vont toucher tout prochainement l’hôtel Amigo. Mais le grand patron tempère: ce n’est pas le moment de lancer des chantiers coûteux et pharaoniques; on se limitera juste à repenser l’espace du bar, quelques communs, et à rénover une série de chambres. Mais l’hôtel restera ouvert.

Étendre rapidement sa toile, italienne surtout

Vu l’ardoise à éponger, on se dit que le moment n’est pas à l’achat. On lui demande dès lors si son groupe a pour stratégie de faire le gros dos et de laisser passer l’orage, en exploitant les 16 hôtels actuellement répertoriés sur le site – d’Édimbourg à Shanghai en passant par Saint-Pétersbourg et Djeddah – ou si la croissance est toujours de mise.

Notre objectif est de devenir n°1 de l’hôtellerie de luxe en Italie.

 

Et là encore, la réponse fuse: « L’Italie offre pour l’instant énormément d’opportunités qu’il ne faut pas rater. C’est un marché difficile, mais on le connaît particulièrement bien. Et notre objectif est d’y devenir n°1 de l’hôtellerie de luxe. Pour le moment, ce segment de marché redémarre d’ailleurs beaucoup mieux que l’hôtellerie plus démocratique. On cherche donc activement à étoffer notre portefeuille sous gestion en rénovant de petits hôtels de caractère. Ce sont des organismes de crédit, des sociétés d’assurance ou d’autres institutionnels qui achètent les murs; et nous, nous les réaménageons et les exploitons, en apportant à ces institutionnels un rendement à long terme par le biais d’un contrat de bail commercial de 30 ans au moins. » (…) Lire la suite sur L’Echo

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