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Si le confinement de la population en Polynésie française n’est pour l’instant pas à l’ordre du jour, le haut-commissaire et le président du Pays n’ont pas pour autant exclu son retour au cas où la situation sanitaire deviendrait incontrôlable.

La Dépêche de Tahiti est allée à la rencontre des directeurs d’hôtels de Moorea. Leurs commentaires sont sans détour : « un confinement général serait une catastrophe pour tout le monde et la mort de plusieurs entreprises !

Christine Chevalaz Directrice générale Moorea Manava Beach Resort : « Une catastrophe économique »

Christine CHevalaz

« Actuellement nous survivons avec une petite clientèle européenne et en particulier, les Français. Nous avons quelques Américains et la clientèle locale est là généralement les week-ends et les jours de vacances.

Avec les nouvelles dispositions annoncées par le président de la République Emmanuel Macron, seuls les voyages pour motif professionnel sont autorisés hors des frontières de l’Union européenne. Les voyages des vacanciers seraient donc interdits. Ce qui veut dire que nous n’aurons plus de touristes français en Polynésie française.

Si une fermeture totale des frontières est rétablie comme au premier semestre, cela nous retirera le peu de touristes étrangers qui arrivent encore sur le territoire. Un établissement hôtelier quel qu’il soit ne peut survivre uniquement avec la clientèle locale, même si celle-ci a énormément supporté le secteur hôtelier depuis le début de cette crise. Si c’est le cas, ce sera à nouveau la fermeture de l’établissement entraînant des employés sans travail, l’arrêt des prestataires de service de tous nos fournisseurs – agriculteurs, pêcheurs etc. Un nouveau confinement serait tout simplement une catastrophe économique ».

Stéphane Sogliuzzo, directeur général Sofitel Ia Ora Beach Resort : « Cela deviendrait carrément catastrophique ! »

« Nous avons actuellement une activité à peu près correcte. Nous sommes sensiblement sur une fourchette de 50 à 55% de taux de remplissage depuis mi-juillet, ce qui n’est pas trop mal au vu de la situation. Notre clientèle se répartit différemment : un tiers de Français, un tiers de clientèle locale et un tiers de clientèle américaine.

Avec la fermeture des frontières et le confinement en France et dans d’autres pays européens, cela va devenir très compliqué. Les annulations commencent à arriver. Nous allons voir ce qui va se passer avec les États-Unis après l’élection présidentielle.

Sur nos trois piliers émetteurs actuels, deux sont très fragilisés voire pourraient devenir carrément inexistants. Cela veut dire que l’on travaillerait essentiellement avec la clientèle locale qui nous fait très bien travailler le week-end, mais en semaine, c’est beaucoup plus difficile.

Si par malheur, il devait y avoir des dispositions plus draconiennes envisagées localement pour des raisons de santé – ce qui se comprend bien –, cela deviendrait carrément catastrophique ! »

Rose Richmond, directrice générale Hilton Moorea Lagoon and Spa : « Si les frontières de l’Amérique ferment, on est mort ! »

Rose Richmond

« Nous n’avons pas besoin ici d’un reconfinement de la population. Ce qu’il faut, c’est structurer les règles de protection sanitaire, pour nos employés et pour notre clientèle. Nous venons à peine de sortir la tête de l’eau depuis notre ouverture au mois d’août. Si un autre confinement arrive, on sera obligé de faire des plans sociaux. On n’en est pas encore là, mais il faut faire attention.

Notre clientèle est presque essentiellement américaine, la clientèle de l’Union européenne est moindre. Aussi la fermeture des frontières en France ne changera pas trop notre taux de fréquentation. Mais si les frontières de l’Amérique ferment, on est mort ! On peut dire que, depuis notre ouverture, nous travaillons correctement. La situation nous permet de poursuivre nos activités. Si cela tient comme ça, après la basse saison de novembre, on devrait avoir la possibilité de passer les fêtes de fin d’année sans trop de casse. La clientèle locale est aussi là en weekend et pendant les vacances. »

Nathalie Perelli, directrice générale de l’hôtel Hibiscus : « Une baisse de 105 millions de chiffre d’affaires ! »

Nathalie Perelli

« Aujourd’hui, tout va mal. Notre clientèle en haute saison sont les Français. Depuis l’annonce d’Emmanuel Macron de la fermeture des frontières françaises, nous avons reçu le jour même 20 annulations de séjour. Le lendemain, 40 de plus et ce n’est pas fini.

Si cela continue comme ça, nous n’aurons plus personne, mis à part la clientèle locale le week-end, mais cela n’est pas suffisant pour garder notre personnel.

Notre clientèle est essentiellement française. Notre gamme d’hôtel n’est pas celle qu’attend la clientèle américaine. Nous n’avons cette année, aucun Australien ni Néo-Zélandais, mais quelques Allemands et Italiens. Aujourd’hui, en ce qui me concerne, il ne faut surtout pas faire le confinement. Là, on sera tous morts.

Au précédent confinement, nous avons survécu car nous n’avions pas de crédit et nous avions un peu de trésorerie. Notre chiffre d’affaires a baissé cette année de 105 millions par rapport à l’année précédente. Nous pouvons survivre novembre et décembre qui sont des mois de basse saison, mais si ça va trop loin, on fera comme les autres, on fermera comme nous l’avons fait le 31 mars.

Nous avons aussi été le premier hôtel à rouvrir le 30 avril dès que le haut-commissaire a annoncé le terme du confinement. Le premier mai, nous étions là, ma mère et moi car il fallait reprendre les activités de l’hôtel sans personnel et avec notre restaurant ouvert uniquement, le week-end. ».

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