Canada | En pleine pénurie de main d’œuvre, le Québec appelle les Français à venir y travailler
À Montréal et dans toute la région québécoise, les postes vacants se comptent par dizaines de milliers et fragilisent l'économie, particulièrement dans les secteurs de l'hôtellerie-restauration et de la santé.
À Montréal, les panneaux se succèdent et se ressemblent : les écriteaux portant les mots « Nous embauchons » se retrouvent à tous les coins de rue dans la métropole canadienne. De l’industrie à l’agriculture, dans les restaurants, sur les marchés ou dans le tourisme, tous les secteurs cherchent à recruter. La ville, comme tout le Québec, manque cruellement de bras. Dans la région, le nombre d’offres d’emploi explose : 221.000 postes sont actuellement à pourvoir.
C’est surtout le secteur de l’hôtellerie-restauration qui souffre le plus de ce manque de main d’œuvre. « Il y a certains soirs où on a dû mettre quelques chambres de côté », fermées à cause d’un manque de personnel d’entretien, déplore dans le reportage du 20H de TF1 en tête d’article Marie-Pier Germain, vice-présidente Ventes et Marketing de la chaîne Germain Hôtels, dont l’un d’eux est situé dans le centre-ville de Montréal.
Le restaurant de l’établissement a dû fermer ses portes certains soirs durant l’été, toujours pour les mêmes raisons. « Il nous manque beaucoup de gens pour combler nos équipes, explique Marie-Pier Germain. Je dois vous dire franchement que je ne sais pas ce qui est le plus difficile : ne pas avoir de client ou ne pas être en mesure de les accueillir comme on le souhaiterait. »
« Il faut que les employés nous choisissent »
Et depuis l’épidémie de Covid-19, certains chercheurs et politiques accusent aussi les mesures d’urgence mises en place par l’État pour venir en aide aux employés ayant perdu leur emploi pendant la crise sanitaire. D’après eux, elles aggraveraient cette pénurie de main d’œuvre. Certaines indemnités versées sont en effet supérieures à un salaire minimum, ce qui dissuade donc les bénéficiaires de chercher un emploi.
Pourtant, les salaires sont élevés et moins imposés qu’en France, mais ces atouts ne suffisent pas pour attirer les candidats. Pour les recruteurs le défi est double : pourvoir les postes vacants et convaincre ensuite les recrues de rester. « Il faut savoir qu’en Amérique du Nord, la question de la sécurité dans l’emploi est quasi inexistante, il n’y a pas de contrat à durée indéterminée, détaille Paul-André T. Goulet, président des magasins Goulet Sports. Il y a moins de vacances, les horaires de travail et les semaines sont plus longs. Donc il faut vraiment travailler sur la mobilisation, pour que les employés nous choisissent. »
Recruter à l’étranger
Parmi les secteurs les plus touchés par cette pénurie, sans précédent dans toute l’histoire du Canada, il y a notamment la santé : il manque au Québec plus de 20.600 personnes dans ce domaine, soit une augmentation de 69% en deux ans. Les hôpitaux recrutent notamment des soignants français. Camille Hugueville, une Lyonnaise que TF1 a rencontrée, a rejoint l’équipe d’un hôpital montréalais en pleine épidémie de Covid-19. Les infirmières gagnent là-bas en moyenne 23% de plus qu’en France, mais ce n’est pas uniquement cet argument financier qui l’a convaincue.
Dans les prochaines semaines, 270 Français devraient rejoindre ce réseau de centres hospitaliers de Montréal, avec à chaque fois un accompagnement personnalisé qui leur est proposé. « Ce n’est pas le tout de dire que l’on manque de personnel, affirme Julie Dufort, conseillère en soins infirmiers. Il ne s’agit pas de faire venir les gens pour les mettre quelque part, pas du tout. On essaie le plus possible de combiner l’expertise et la volonté du soignant français avec nos besoins. »
« Bien entourés et bien accompagnés »
Et parmi les recrues françaises, certaines ont aussi le goût de l’entrepreneuriat. Jean-Baptiste Paganon et trois autres Français ont créé leur entreprise. Installée au cœur d’un marché montréalais, le Panier Québecois est une entreprise en ligne qui propose des produits frais et locaux, retirés sur place ou livrés à domicile, et qui rencontre un large succès, favorisé par l’environnement de travail de la région francophone. (…) Lire la suite sur LCI