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À Montréal, les panneaux se succèdent et se ressemblent : les écriteaux portant les mots « Nous embauchons » se retrouvent à tous les coins de rue dans la métropole canadienne. De l’industrie à l’agriculture, dans les restaurants, sur les marchés ou dans le tourisme, tous les secteurs cherchent à recruter. La ville, comme tout le Québec, manque cruellement de bras. Dans la région, le nombre d’offres d’emploi explose : 221.000 postes sont actuellement à pourvoir.

C’est surtout le secteur de l’hôtellerie-restauration qui souffre le plus de ce manque de main d’œuvre. « Il y a certains soirs où on a dû mettre quelques chambres de côté », fermées à cause d’un manque de personnel d’entretien, déplore dans le reportage du 20H de TF1 en tête d’article Marie-Pier Germain, vice-présidente Ventes et Marketing de la chaîne Germain Hôtels, dont l’un d’eux est situé dans le centre-ville de Montréal.

Le restaurant de l’établissement a dû fermer ses portes certains soirs durant l’été, toujours pour les mêmes raisons. « Il nous manque beaucoup de gens pour combler nos équipes, explique Marie-Pier Germain. Je dois vous dire franchement que je ne sais pas ce qui est le plus difficile : ne pas avoir de client ou ne pas être en mesure de les accueillir comme on le souhaiterait. »

« Il faut que les employés nous choisissent »

Ce phénomène de pénurie s’explique par un fort vieillissement de la population, entraînant plus de départs à la retraite que d’arrivées sur le marché de l’emploi. Le problème remonte à plusieurs années : en 2018 déjà, selon un sondage de la Banque canadienne de développement, 40 % des PME avaient déjà de la difficulté à embaucher de nouveaux employés, relève le site Radio-Canada.

Et depuis l’épidémie de Covid-19, certains chercheurs et politiques accusent aussi les mesures d’urgence mises en place par l’État pour venir en aide aux employés ayant perdu leur emploi pendant la crise sanitaire. D’après eux, elles aggraveraient cette pénurie de main d’œuvre. Certaines indemnités versées sont en effet supérieures à un salaire minimum, ce qui dissuade donc les bénéficiaires de chercher un emploi.

Pourtant, les salaires sont élevés et moins imposés qu’en France, mais ces atouts ne suffisent pas pour attirer les candidats. Pour les recruteurs le défi est double : pourvoir les postes vacants et convaincre ensuite les recrues de rester. « Il faut savoir qu’en Amérique du Nord, la question de la sécurité dans l’emploi est quasi inexistante, il n’y a pas de contrat à durée indéterminée, détaille Paul-André T. Goulet, président des magasins Goulet Sports. Il y a moins de vacances, les horaires de travail et les semaines sont plus longs. Donc il faut vraiment travailler sur la mobilisation, pour que les employés nous choisissent. »

Recruter à l’étranger

Face à ce fléau, le gouvernement fédéral a décidé de placer l’immigration au cœur de son plan de relance économique, en cherchant la main d’œuvre manquante à l’étranger, notamment en France. Ce n’est pas un tabou, au contraire : de vastes campagnes de communication sont organisées, notamment via des sites Internet offrant toutes les clés pour faire carrière au Québec. Si en plus des compétences, les candidats parlent français, l’embauche est quasiment gagnée.

Parmi les secteurs les plus touchés par cette pénurie, sans précédent dans toute l’histoire du Canada, il y a notamment la santé : il manque au Québec plus de 20.600 personnes dans ce domaine, soit une augmentation de 69% en deux ans. Les hôpitaux recrutent notamment des soignants français. Camille Hugueville, une Lyonnaise que TF1 a rencontrée, a rejoint l’équipe d’un hôpital montréalais en pleine épidémie de Covid-19. Les infirmières gagnent là-bas en moyenne 23% de plus qu’en France, mais ce n’est pas uniquement cet argument financier qui l’a convaincue.

« On essaie le plus possible de combiner l’expertise et la volonté du soignant français avec nos besoins. »– Julie Dufort, conseillère en soins infirmiers dans un hôpital de Montréal
Elle a aussi découvert au Canada une autre façon d’exercer son métier. « Il y a moins de patients à charge qu’en France, donc ne serait-ce que ça, au niveau du travail, c’est plus sécuritaire, estime-t-elle. Ici, les infirmières réalisent des évaluations de patients, ce qu’on ne fait pas dans notre pays. On se sent davantage intégré dans la prise en charge de ces patients. »

Dans les prochaines semaines, 270 Français devraient rejoindre ce réseau de centres hospitaliers de Montréal, avec à chaque fois un accompagnement personnalisé qui leur est proposé. « Ce n’est pas le tout de dire que l’on manque de personnel, affirme Julie Dufort, conseillère en soins infirmiers. Il ne s’agit pas de faire venir les gens pour les mettre quelque part, pas du tout. On essaie le plus possible de combiner l’expertise et la volonté du soignant français avec nos besoins. »

« Bien entourés et bien accompagnés »

Devant la caméra de TF1, Karl Blackburn, président du Conseil du patronat du Québec, n’hésite pas à lancer une campagne de recrutement à destination des Français. « Si vous avez le goût de l’aventure, si vous aimez l’Amérique du Nord et tout particulièrement le Québec, et que vous avez une formation en santé, en technologie de l’information, en jeux vidéo ou encore en aérospatial, venez ici au Québec, un emploi vous attend, lance-t-il. Un emploi bien rémunéré dans un environnement magnifique. » Selon le journal québecois Le Devoir, le Québec espère accueillir entre 49.500 et 52 500 immigrants en 2022, et enregistrerait déjà entre 44.500 et 47.000 arrivées d’immigrants cette année.

Et parmi les recrues françaises, certaines ont aussi le goût de l’entrepreneuriat. Jean-Baptiste Paganon et trois autres Français ont créé leur entreprise. Installée au cœur d’un marché montréalais, le Panier Québecois est une entreprise en ligne qui propose des produits frais et locaux, retirés sur place ou livrés à domicile, et qui rencontre un large succès, favorisé par l’environnement de travail de la région francophone. (…) Lire la suite sur LCI

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