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Il faudra bien un moment oublier tous vos clichés sur Dubaï, cela ne vous prendra pas beaucoup de temps. Ils affluent, nous rengorgent dans nos cocoricos éraillés. Ils nous font ignorer que le monde s’est déplacé vers l’Asie. La majorité de la population mondiale vit aujourd’hui entre Shanghai et Istanbul. Il y a bien encore quelques héros plastifiés de la téléréalité pleurant le départ de Nabilla, mais ne comptez pas sur Lawrence d’Arabie pour émerger d’un désert proche pour les laisser sangloter sur son keffieh. Il faudra juste déplacer vos curseurs…

Remonter ainsi un peu dans l’histoire (pas beaucoup, juste cinquante ans), comprendre que Cheikh Zayed, visionnaire éclairé, parvint à concilier ses voisins pour consacrer les Emirats arabes unis qui, faut-il le rappeler, n’ont rien à voir avec le Qatar et l’Arabie saoudite. Dubaï, dit-on volontiers ici, c’est le Hong Kong d’il y a dix ans, son énergie, sa modernité. L’une des villes au monde où l’on peut deviner le futur, témoin l’Exposition universelle inaugurée début octobre.

200 nationalités

Cette cité musulmane n’est pas une dictature assombrissant ses sujets mais une ville percutante, brassant 200 nationalités (pas mal d’Indiens, 37 %, de Pakistanais, 20 %, pour seulement 10 % d’Emiriens). Elle génère un vivre-ensemble déconcertant, d’une tolérance à faire pâlir nos compatriotes. Des créatures indécentes croisent des Emiriens en qamis (djellaba) blanc immaculé sans que ces derniers ne cillent. Parfois, rien n’est réel : l’eau de la mer si tiède, le rire des enfants grimpant sur les chameaux, les piscines réfrigérées, la pavlova policée d’un restaurant à la mode.

Au bout d’un moment, vous vous ferez à ce bien-être chaud aux embardées délirantes, tels ces archipels artificiels à l’effigie d’un planisphère, comme si Dubaï voulait gober le monde dans ses hologrammes. Il faudra alors quitter les oasis de rêve, le coma des serviettes éponges. Et là, vous allez écarquiller les yeux. Dans les supermarchés (meilleur endroit pour sentir le pouls d’une ville), la profusion est passionnante. Elle est un langage. Elle multiplie les variétés des pommes de terre, de dattes, de graines, de lessives au grand bonheur des défiscalisés.

De bon matin, à Mama’esh, un café palestinien new age, le petit déjeuner est chaleureux. Il sent bon le zaatar, le sésame et les pains cuits au four. Pas de touristes (alléluia), juste les Emiriens en famille. Autre adresse, parmi les 12 000 restaurants de la ville, un bistrot japonisant sur le port (3 Fils), heureux mélange de la terre entière. Puis direction les galeries d’art d’Alserkal Avenue, le vieux Dubaï avec ses tours à vent, son souk, les ruelles, le babil des marchands. Vous apprendrez vite ces contre-pieds puissants et vivants en croisant à rebours les égarés de la superficialité. Au bout d’un moment, vous aurez reconstruit une ville, et surtout imaginé que vous puissiez en faire partie. « On est tous l’essence de Dubaï », confesse non sans raison une expatriée amoureuse de la ville, maladie fréquente ici.

Luxe pensé

Cela se traduit par une ville sans problèmes, l’une des plus sûres au monde, sans aspérités aussi. Les énergies que nous consacrons ailleurs à se bouffer le nez et la rate se dirigent ici vers une existence où le travail a son importance (capitale) mais la vie prend des aises grâce à l’argent roi. Même le luxe, mot égaré depuis quelques années, se met à penser. Celui-ci excelle toujours dans la surenchère : rajouter des fils au centimètre carré dans les draps des palaces (on passe de 350 à 800 fils), doubler les baies vitrées des suites (12 mètres) du Marsa al Arab, le futur complexe hôtelier du groupe Jumeirah. José Silva, le PDG de ce groupe en plein essor (24 établissements et 7 projets en cours) analyse : « Nous sommes arrivés cependant à ralentir les accélérations, accéder au slow living, apaiser le genre, trouver un langage universel d’un luxe moins ostentatoire. »

Pour autant, les vibrations ne glissent pas dans les basses fréquences, si les pâtes trenette au king crab du nouveau restaurant Sal font un tel tabac, c’est que José Silva, lui-même gourmet infatigable, a poussé les acides qui portent le plat vers une expression vivace. Dubaï a d’autant plus intérêt à se positionner que déjà dans son rétroviseur pointe à toute blinde le projet du prince héritier Mohammed ben Salmane, The Line à Neom, une mégapole sur 26 500 kilomètres carrés entre la mer Rouge et la Jordanie, une zone franche dédiée au tourisme et à l’innovation, avec taxis volants, gladiateurs robotisés et lune artificielle (horizon 2025-2050). (…) Lire la suite sur Série Limitée Les Echos

CARNET D’ADRESSES

 

Y séjourner 

Au sein de Dubaï, il existe une enclave inspirée d’une citadelle arabe et disposant d’une plage privée naturelle de deux kilomètres de long : Madinat Jumeirah. Entre modernité et tradition, elle abrite le célèbre Burj Al Arab : construit sur sa propre île, l’hôtel en forme de voile s’élève à 321 mètres et offre une vue imprenable sur le golfe Persique. Les autres établissements de l’enclave pianotent sur les familles et les tribus (Beach Hotel), le chic urbain avec piscines et restaurants trendy (Al Naseem), le palais des mille et une nuits (Al Qasr), les villas d’inspiration arabe (Dar Al Masyaf) ou encore le boutique hôtel (Mina A’Salam)…

jumeirah.com 

 

Des restaurants 

3 Fils : sur le port de pêche de Jumeirah, une table qui a tout pigé des attentes locales, de la fusion asiatique sans oublier des côtes d’agneau marinées.

3fils.com 

Ossiano : l’une des « expériences » de Dubaï, au coeur d’un aquarium gigantesque avec un menu dégustation délivrant non sans habileté et une humilité inattendue les plats iconiques de l’époque (homard, wagyu, caviar…). Mémorable.

atlantis.com 

Sal : sur une terrasse de 10 000 m2 gagnée sur la mer, insolemment postée au pied de l’hôtel Burj Al Arab, avec une piscine à débordement de 100 mètres de long, voici une cuisine inspirée de l’Italie, de l’Espagne et du Portugal avec un sans-gêne adorable. Service au taquet.

jumeirah.com 

Mama’esh : cantine informelle fréquentée par les Emiriens autour de petits déjeuners palestiniens délicieux avec galettes, hommous et diableries irrésistibles au zaatar. Extra.

mamaesh.com 

Kayto : table ouverte sur la cuisine nikkei mixant habilement Pérou et Japon par un chef nippon-argentin. Vue sur les jardins luxuriants et la piscine de l’hôtel Al Naseem.

jumeirah.com 

 

Shopping 

Old Souk : à l’entrée du souk, un superbe choix d’épices, dont un safran de grande pureté, et mille percussions : coriandre, poivres, curcuma…

Pid : boutique sans grand charme si ce n’est son alignement de vastes tiroirs contenant les meilleurs ouds de la région. Près du souk de l’or.

dhamma-perfumes.com 

Villa 515 : sur Jumeirah Beach Road, une belle villa arabe avec une boutique riche en offres parfumées. Le salon de thé est coquet.

villa515.com 

 

À visiter 

L’Exposition universelle : jusqu’au 31 mars, elle accueille 190 pavillons autour des thèmes « opportunité, durabilité et mobilité ».

expo2020dubai.com 

L’office du tourisme :

visitdubai.com

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