Suisse | L’hôtellerie peine de plus en plus à recruter
Plusieurs hôteliers suisses tirent la sonnette d’alarme sur une situation «catastrophique» sur le marché de l’emploi, que la pandémie a aggravée.
Les hôteliers suisses sont confrontés à d’importantes difficultés de recrutement. La crise pandémique a en effet aggravé une situation déjà tendue sur le marché de l’emploi, de l’avis des professionnels du secteur interviewés par AWP lors du Hospitality Summit mercredi.
«La pénurie de main-d’œuvre est catastrophique pour les hôteliers suisses», confirme Alain Becker, directeur de l’association romande des hôteliers. Grands et petits établissements, en ville ou à la montagne, tous les établissements sont confrontés au même problème. «Nous avons pour cette rentrée entre 20 et 30% d’apprentis en moins par rapport aux années précédentes», note-t-il. De plus, la situation ne concerne pas uniquement le territoire helvétique, la France et l’Allemagne connaissent une problématique similaire.
Mais comment expliquer les difficultés à embaucher, alors que le taux de chômage du secteur est deux fois plus élevé que la moyenne nationale? «En contact avec les services de l’emploi dans les quatre cantons romands que je représente, on m’assure que le réservoir est à disposition et pourtant il est extrêmement difficile de recruter», fait-il remarquer.
«Pendant la pandémie, les spécialistes de l’hôtellerie ont pris de nouvelles habitudes, et ils ne veulent plus revenir dans la branche». Moins de sécurité, horaires irréguliers, plusieurs contraintes découragent les candidats. «Pourtant l’hôtellerie propose des métiers très variés, permet de voyager, nous devons revaloriser ces professions», insiste Alain Becker.
Plus grande chaîne hôtelière en Europe, le groupe Accor souffre également de cette pénurie, confirme une porte-parole de l’entreprise. La situation s’est aggravée avec la pandémie, qui a joué un rôle de catalyseur et accentué les difficultés déjà existantes. «Mais cela peut aussi être vu comme une chance (…), le moyen de renforcer durablement l’attractivité de la branche» pour les talents encore à découvrir.
Incertitudes décourageantes
Co-fondateur et président de plusieurs hôtels à la montagne, sous la marque Vertu Resorts, Philippe Attia remarque que beaucoup de collaborateurs ont décidé de changer de branche, certains n’ayant pas pu bénéficier de la réduction de l’horaire de travail (RHT).
«Nous avons perdu la moitié de nos employés au profit de secteurs qui ont profité de la crise, dans la distribution et la santé notamment», indique-t-il. Les multiples reports des dates de réouverture après les fermetures obligatoires ont également créé «beaucoup d’incertitudes», qui découragent les candidats.
«Avec la réouverture en haute saison, en plein été, tout le monde a cherché en même temps et les délais de recrutement ont été multipliés par trois», a expliqué Philippe Attia. «Il nous a fallu deux mois pour recruter une femme de chambre, une durée tout à fait inhabituelle», renchérit Pierre-André Michoud, propriétaire de l’Hôtel du théâtre à Yverdon-les-Bains. Il s’estime malgré tout chanceux. «Grâce au chômage partiel, nous avons pu conserver l’ensemble de nos collaborateurs.»(…) Lire la suite sur La Tribune de Genève