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«Comment avez-vous fait en Suisse ?» C’est la question que m’a posée une journaliste de la télévision allemande, en début de l’année, à propos du maintien de l’ouverture des domaines skiables suisses. Cette mesure avait provoqué en novembre une levée de boucliers de la part de nos pays voisins ayant décidé de restreindre massivement ou même d’interdire l’ensemble des offres hivernales aux touristes. Les gouvernements allemand, italien, français et autrichien s’étaient concertés et avaient exprimé leur crainte d’un nouveau foyer de contamination au coronavirus en Europe. Notre gouvernement a été soumis à de fortes pressions. Mais il est resté ferme – fort heureusement pour le tourisme hivernal qui revêt une grande importance pour notre pays.

La confiance dans les concepts de protection développés en Suisse pour les remontées mécaniques, l’hôtellerie et la restauration a porté ses fruits. Cela a fonctionné. En pleine saison hivernale, des médias étrangers se sont subitement intéressés au «modèle suisse». Comment peut-on protéger les individus tout en préservant l’économie, et, ainsi, les emplois et les entreprises?  La population suisse fait preuve d’un haut degré de responsabilité individuelle, à tous les niveaux. Et c’est ce qui a permis, dans le contexte de cette crise exceptionnelle, de suivre une approche pragmatique, dite la «voie suisse». Nous sommes reconnaissants aux responsables de la politique et des bureaux pour cette confiance.

Cependant, ces défis exceptionnels auxquels nous avons été confrontés durant les dix-huit derniers mois nous ont également réveillés et amenés à nous développer dans différents domaines. Coopérer et se mettre en réseaux, unir nos moyens et nos forces pour se préparer aux enjeux futurs. Du jour au lendemain, des thèmes majeurs comme la digitalisation et la durabilité ont gagné en importance. L’urgence d’agir a été acceptée. Que ce soit en politique, dans les associations ou au sein des entreprises individuelles.

Nous avons dû promptement apprendre à communiquer par Teams, Skype et d’autres applications. La digitalisation a fait depuis longtemps son entrée également dans l’hôtellerie. Néanmoins, un énorme changement s’est produit en un bref laps de temps. Il a fallu collecter les données des hôtes, et beaucoup de choses qui avaient été reportées à plus tard sont devenues, pour ainsi dire dans la nuit, indispensables et ont dû être mises en place immédiatement.

Dans notre propre hôtel, la pandémie nous a amenés, avec toutes ces règles et concepts de protection, à instaurer enfin, depuis ce printemps, le (presque) «zéro papier» dans notre réception. Le secteur du tourisme va continuer de s’intéresser à ce thème à l’avenir également. La digitalisation nous aidera à proposer des offres sur-mesure, adaptées aux besoins de l’hôte, et plus connectées. Depuis l’arrivée à l’aéroport jusqu’à la chambre d’hôtel, sans oublier la découverte de la région. Ces offres seront comme un concierge numérique, qui permettra à l’hôte de vivre encore plus d’expériences et de découvrir de nouvelles choses.

La durabilité est bien plus qu’un nouveau mot à la mode largement utilisé: c’est le pilier de toute entreprise prospère. Désormais, aucune entreprise ne pourra réussir sans une gestion durable, préservant les ressources, avec des collaborateurs et collaboratrices bien formé-e-s et motivé-e-s ainsi qu’une base financière stable pour assurer la pérennité de l’entreprise et des emplois.

C’est précisément pour cette raison qu’il est important d’accorder une attention renforcée à ce thème. Déjà en 2015, HotellerieSuisse avait défini une nouvelle stratégie plaçant l’innovation et la durabilité comme axes prioritaires pour le secteur de l’hébergement. Un groupe de travail sous l’égide de la Fédération suisse du tourisme étudie actuellement une stratégie de durabilité pour l’ensemble du tourisme suisse et les mesures à prendre pour sa mise en œuvre. À l’avenir, voyager va définitivement changer.

Le pays dispose d’un réseau de 19 parcs qui représentent plus d’un huitième de la superficie de la Suisse. Le réseau «Swiss Parks» a pour objectif de préserver les ressources naturelles et de soutenir le développement durable et la culture des villes et villages à l’intérieur des limites du parc. Le Parc national suisse, dans le coin sud-est du pays, est la seule zone sauvage strictement protégée de Suisse.

Du fait de la digitalisation, les villes connaîtront une diminution des voyages d’affaires. Comme évoqué précédemment, les échanges et les réunions ne seront plus organisés aussi souvent en présentiel, mais de manière digitale. Cette évolution est sans aucun doute une bonne nouvelle pour l’environnement. Toutefois, pour le secteur du tourisme et les compagnies aériennes, cela représente une baisse importante de leurs revenus actuels. Par conséquent, les sureffectifs seront supprimés. Durant la pandémie, quelques compagnies aériennes ont déjà décidé de ne plus utiliser leurs gros-porteurs après la crise.

Mais que change cette crise, qui dure maintenant depuis près de deux ans, pour le secteur du tourisme? Le fait est que certains changements auraient de toute façon eu lieu. L’évolution démographique, la digitalisation et la sensibilisation croissante au changement climatique s’étaient déjà profilées avant la crise. Certains de ces changements vont donc s’accentuer et s’accélérer. À l’avenir, les critères majeurs de voyage seront la sécurité et la santé. Les voyageurs accorderont davantage d’importance à l’alimentation, l’activité physique, le sommeil et le repos. La détente va devenir un argument clé pour le tourisme. Dorénavant, nous n’allons plus voyager rapidement vers un endroit pour en montrer la photo une fois de retour à la maison, mais plutôt pour vivre une expérience consciente sur place.

Un sondage de l’Institut Fraunhofer a montré que 80% des hôtes considèrent qu’il est très important qu’un hôtel entretienne une relation respectueuse avec ses collaborateurs et collaboratrices. Près de 70% des hôtes estiment qu’il est essentiel d’avoir une gestion respectueuse de l’environnement, et plus de 40% sont prêts à payer un prix plus élevé pour cela. Dans le futur, le tourisme se concentrera davantage sur la qualité et moins sur la quantité. Il n’est plus nécessaire de faire cinq voyages par an. Voyager plus consciemment et plus durablement est l’avenir. Les critères de décision sont l’offre culturelle, une sélection gastronomique proposant des produits locaux et de saison, l’utilisation raisonnée des ressources, ainsi que des collaborateurs et collaboratrices motivées et bien formées. (…) Lire la suite sur SwissInfo.ch

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