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Rencontre : dans le quotidien de Constantina Tsoutsikou, designer d’hôtels de luxe

Vous êtes-vous déjà demandé qui avait imaginé ce magnifique hôtel que vous avez vu passer sur Instagram ou, mieux, où vous avez eu la chance de séjourner ? C'est peut-être Constantina Tsoutsikou, designer d'origine grecque et basée à Londres que nous avons eu la chance d'interviewer.

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Constantina Tsoutsikou a été à la tête de la plus grande entreprise de design du secteur de l’hospitalité avant de se lancer à son compte avec Studio Lost. Elle nous explique son parcours atypique entre l’Australie, la Grèce et le Royaume-Uni, et lève le voile sur un processus inconnu du grand public : la conception d’un hôtel de luxe, des plans à la courbure des sièges en passant par le choix des assiettes. Rencontre.

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Constantina Tsoutsikou, je suis designer ! Je design principalement des hôtels dans le secteur du luxe. J’ai trois filles de 13 et 11 ans (des jumelles). Je suis née en Australie, mais mes parents sont Grecs et nous sommes retournés vivre en Grèce quand j’avais 7 ans. Ce déménagement d’une grande ville australienne à la vie rurale grecque a été un petit choc culturel (rires) !

En grandissant, j’avais très envie de sortir de ma campagne, et c’est ce que j’ai fini par faire. Et en attendant, les magazines étaient une bouffée d’air frais, une fenêtre sur le monde qui permettait de s’évader.

 

Quand avez-vous quitté la campagne, du coup ? Et pour aller où ?

J’ai déménagé à Athènes pour étudier l’architecture d’intérieur pendant 4 ans. J’ai ensuite fait un programme d’échange et je me suis retrouvée à Londres, et je suis tombée sous le charme de l’Angleterre. Tout était différent, ce que j’ai appris là-bas changeait radicalement de ce que j’avais appris jusque là à Athènes. A Athènes, on mettait l’accent sur l’apprentissage technique, alors qu’en Angleterre, on était plus dans l’abstrait, et j’ai beaucoup aimé. J’ai donc entamé une formation d’un mois à la Saint Martins University of the Arts à Londres, puis un master en Arts à Chelsea.

Comment êtes-vous arrivée au secteur de l’hospitalité ?

Je suis retournée à Athènes et j’ai commencé à travailler pour Estée Lauder, dans le département technique. J’ai fait beaucoup de design de magasins, notamment pour MAC Cosmetics. Ensuite j’ai brièvement travaillé dans la mode, puis j’ai déménagé à Londres !

Là-bas, par hasard, j’ai commencé à travailler pour une entreprise de design de restaurants, puis je me suis vraiment lancée dans le secteur de l’hospitalité en rejoignant HBA, la plus grosse entreprise du monde dans ce secteur, où je suis restée 15 ans. J’ai commencé comme designer puis j’ai gravi les échelons jusqu’à devenir Directrice Créative du bureau européen. J’adore voyager et découvrir de nouvelles cultures, et j’ai eu la chance de voir beaucoup de pays du monde tout en travaillant.

Fin 2019, j’ai eu envie de me lancer à mon compte et j’ai créé Studio Lost.

Justement, que faites-vous maintenant ?

On travaille principalement avec de grands hôtels de luxe, pour qui nous gérons la direction artistique et imaginons le design d’intérieur. Il y a plein de parties différentes dans un projet, par exemple un hôtel peut avoir un spa, des salles de conférence, des restaurants…

Quel est le processus pour créer le design d’un hôtel ?

Je pense que la première étape cruciale, c’est de définir le positionnement de cet hôtel. Quand c’est une grande chaîne d’hôtels, c’est souvent déjà défini. Mais quand on travaille avec une marque d’hôtels indépendant, comme ici pour le Numo, cela fait partie de notre boulot et c’est fascinant car ça donne le ton pour tout le projet qui va en découler !

Ensuite il y a beaucoup de boulot technique, comme dessiner les plans, imaginer comment l’espace sera utilisé, qui seront les clients… Ensuite on va de plus en plus dans le détail, jusqu’à définir l’angle du bord d’un fauteuil, le support pour un menu, les assiettes du restaurant… On va vraiment au fond des choses, car si ce n’est pas nous qui couvrons ces sujets, quelqu’un d’autre le fera, au risque de perdre cette cohérence. On travaille avec beaucoup de partenaires, et on coordonne tout de a à z.

 

Est-ce que vous travaillez beaucoup pour l’hospitalité grecque ?

Étonnamment, non ! J’ai travaillé dans beaucoup de pays voisins, mais le Royal Senses, en Crète, est le premier projet grec pour lequel je travaille. C’est donc très spécial pour moi de pouvoir travailler en Grèce. L’hospitalité grecque est en train d’exploser, notamment grâce au design des hôtels qui inspire beaucoup de monde. La Grèce a tout ce qu’il faut pour développer des projets exceptionnels.

A quoi ressemble votre journée-type (hors pandémie) ?

Je me lève tôt, vers 6h45, les enfants vont à l’école, j’arrive au studio et je lis d’abord mes mails. Au studio, ça peut être un tas de choses différentes : terminer une étude de faisabilité, imaginer des palettes de couleurs, photographier tous les éléments d’un projets… On peut être à la fin d’un projet d’une part, mais au début d’un autre, donc c’est très varié ! En réalité, je n’ai pas vraiment de journée-type (rires) ! Je voyage aussi beaucoup pour aller voir les différents projets, faire le suivi, rencontrer les partenaires sur place,…

Quelles sont les tendances que vous observez dans le design et l’hospitalité ? Est-ce vous pensez que la pandémie a influencé le design ?

Avec la pandémie, je pense que le design est de plus en plus pensé pour son aspect pratique et facile à nettoyer, mais aussi pour la perception d’hygiène qu’il peut donner. La tendance est donc à la simplification. J’adore le soleil, la légèreté, les lignes épurées… J’appellerais ça du « layered minimalism » (« des couches de minimalisme »).

Une autre grande tendance, c’est l’extérieur (rires) ! On est passés du design d’intérieur au design d’espaces extérieurs, comme au Numo par exemple, où on a imaginé des terrasses presque comme des pièces de vie cosy et confortables, mais dehors. On fait aussi le chemin inverse, en imaginant des espaces intérieurs qui fusionnent avec l’extérieur. La réception du Numo a de très grandes fenêtres que l’on peut ouvrir totalement sur des terrasses partiellement couvertes, on essaie de se fondre plus dans la nature environnante. La nature et les plantes sont aussi dans l’air du temps, d’ailleurs.

Finalement les couleurs apaisantes, qui donnent un sentiment de sécurité, de sérénité, comme le vert, les couleurs pastel,…

 

Comment restez-vous inspirée au quotidien ?

J’ai toujours mes antennes en alerte ! Je suis quelqu’un de curieux de nature, je vais à des ouvertures de galeries, des projections de films, je lis beaucoup de magazines et la presse… Quand je suis dans un aéroport, je regarde toujours les magazines spécifiques au pays où je suis pour avoir une idée de ce qui se fait partout. Ça me permet de voir ce que les gens du monde entier regardent. J’aime aussi tout ce qui se trouve à la croisée des chemins, mélanger différents secteurs pour arriver à des idées novatrices. Le voyage en général me nourrit beaucoup aussi.

Qu’est-ce qui vous rend la plus fière aujourd’hui ?

Avoir lancé Studio Lost alors que j’avais une belle place dans une grande entreprise, et la sécurité. J’ai toujours su que je voulais faire ça, mais j’avais un peu peur. Puis j’ai eu plus peur d’arriver à la fin de ma carrière sans avoir osé, et je me suis lancée fin 2019. Il y a tellement de choses à faire, de challenges, de possibilités… C’est une vraie liberté.

D’ailleurs, pourquoi avez-vous appelé votre studio « Lost » ?

C’est parti d’une blague, en réalité ! J’étais à un festival au Danemark avec des amis, et je les ai perdus jusqu’au lendemain ! C’était au moment où je réfléchissais à lancer mon studio, et je leur en avais parlé mais n’avais pas d’idée de nom. Quand j’ai retrouvé mon groupe d’amis, ils se sont bien moqués de moi et m’ont suggéré d’appeler mon entreprise « Studio Lost » (« lost » signifiant « perdu »), pour rire. Sauf que j’ai directement accroché avec ce nom ! J’aime le fait que ce soit abstrait, ça représente cet espace de créativité, où l’on se perd un peu pour trouver des idées. Ça représente aussi ces fois où je voyage et me perds dans les rues d’une ville, j’adore ce sentiment, c’est très positif pour moi.(…) Lire la suite sur Marie Claire

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