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Loyers : épée de Damoclès pour les commerces, hôtels et restaurants privés d’activité

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Nombre de restaurants, hôtels et commerces à l’activité encore paralysée ne sont plus en mesure de payer leur loyer et dialoguent avec des bailleurs, pour certains compréhensifs, mais encore parfois inflexibles.

Selon le GNI, syndicat patronal des indépendants de l’hôtellerie restauration, le règlement du loyer est un problème majeur pour les professionnels privés d’activité de mars à mai : un sur quatre a des relations dégradées avec son bailleur, plus d’un sur dix (15 %) ayant été menacé d’expulsion.

Et à Paris où le coût de l’immobilier est très élevé, deux professionnels sur trois ont des loyers mensuels supérieurs à 10 000 €, soit davantage que le montant maximal de l’aide du Fonds de solidarité.

Or les hôtels restent souvent vides, tandis que restaurants et commerces dits « non essentiels » ont à nouveau fermé fin octobre, en raison de la dégradation de la situation sanitaire : les premiers ont une activité résiduelle de vente à emporter, les autres ont parfois accès au « click and collect » —, par exemple les libraires, mais pas les coiffeurs.

Pour tous, payer leur loyer sans encaisser le chiffre d’affaires des semaines proches de Noël est très compliqué.

Certains ont affaire à des bailleurs qui se veulent solidaires : Michaël et Charlotte Sebban, un couple de quadragénaires qui a créé la foncière Groupe Sebban, propriétaire de 80 boutiques au centre-ville de grandes métropoles, a obtenu de ses banques le report de ses crédits, ce qui lui a permis d’effacer le loyer des 55 locataires dont il possédait les locaux à 100 %.

« Nous avons été obligés de vendre deux commerces pour supporter ce surcoût. Mais en novembre, nous ne pourrons aider que les plus fragiles : les 45 franchisés et indépendants. Quant à aider au-delà de novembre, cela nous mettrait en danger », dit Michaël Sebban à l’AFP.

« Mais ces efforts nous amènent beaucoup de positif : nos partenaires bancaires sont fiers, des commerçants nous disent : « Je rêve d’avoir un bailleur comme vous » », ajoute-t-il.

Seuls deux locataires, déjà en difficulté avant la crise sanitaire, ont mis la clé sous la porte, les autres « marchent plutôt bien : ils sont sur des axes principaux et ont un bon business plan. Pour autant, c’est dur pour eux ».

« Pas intérêt à essorer les locataires »

Lors du premier confinement, les grosses foncières ont longuement négocié avec leurs commerçants. Altarea Cogedim a conclu des accords avec 71 % de ses locataires : ceux-ci ont accepté d’allonger leur bail de deux ans en moyenne, en contrepartie de deux loyers annulés.

Selon la Fédération des sociétés immobilières et foncières (FSIF), ses adhérents ont renoncé à 30 % des loyers de petits commerces, pour un manque à gagner de 200 M€.

Et « les relations entre les bailleurs, représentés par le CNCC, et les commerçants, par leur fédération Procos, se sont beaucoup apaisées depuis leur opposition frontale, au printemps », rapporte Antoine Grignon, qui dirige le pôle immobilier commercial du spécialiste de l’immobilier d’entreprise Knight Frank. « Ils font aujourd’hui front ensemble : ils ont besoin les uns des autres ».

Pour inciter les bailleurs à renoncer à des loyers d’octobre à décembre, le gouvernement va créer un crédit d’impôt de 30 %, que le patronat du secteur souhaite voir porté à 50 % et étendu à toutes les périodes de confinement et couvre-feu.

De fait, certains se montrent inflexibles.

Codirigeant de huit bars à Paris, Benjamin a sollicité une franchise des trois mois de loyer du printemps : sur ses six bailleurs, deux des grandes foncières l’ont concédée et deux autres n’ont pas répondu à son courrier, mais les deux derniers — un particulier et une foncière familiale — ont « envoyé un commandement de payer et voulu résilier le bail ».

La foncière familiale s’est dite prête à « envisager d’effacer les trois loyers… contre une hausse de 20 à 30 % sur les trois prochaines années, et autant les trois suivantes ! Nous avons pris un avocat et sommes allés en justice », dit-il.

Pour Arnaud Romanet-Perroux, fondateur de la société de crowdfunding immobilier Upstone et enseignant à l’ESCP-Europe et à la Sorbonne, « les bailleurs n’ont pas intérêt à essorer leurs locataires : s’ils s’en vont, les biens qui restent inoccupés se déprécient : c’est un cercle vicieux ».

« On se dit qu’on va faire le dos rond quelques mois… mais on craint des confinements en chaîne », dit-il. Toutefois selon lui, la crise a révélé que « les gens restent attachés à leurs commerces et restaurants de proximité ». « On ne peut pas tout faire en digital, on a besoin de lien social. »

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