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« Vous verrez, le bas d’Avoriaz, c’est une zone délaissée, polluée d’huile de vidange, dégueulasse », nous avait-on prévenu. Nous avions aussi eu droit, par d’autres, à cette vision idyllique : « C’est la porte d’entrée dans la station par le téléphérique, l’impression d’arriver sur une île, la plus belle vue dans un endroit éminemment public. » Et le lieu d’un futur hôtel dont la construction divise le Tout-Avoriaz, ou plutôt le Tout-Paris avoriazien, puisque cette station haut-savoyarde semble autant dirigée de la capitale que depuis la commune de Morzine (2 700 habitants), en contrebas.

Pour prendre la mesure de l’affaire, il faut souligner la particularité de cette immense station (18 000 lits) héritée du plan neige de la fin des années 1960. Les propriétaires historiques d’appartements en parlent comme d’un paradis blanc, un éden à 1 800 mètres d’altitude dont les immeubles mériteraient d’être classés, « que l’on aime ou pas ». Une bulle hors du temps, car conçue sans voitures à l’ère du tout-diesel et dans une architecture aux lignes brisées, sans le moindre angle droit.

Jacques Labro

Une photo jaunie, montrant cette architecture iconique et une famille transportée en calèche sur la route enneigée, trône devant l’entrée du bureau parisien de Gérard Brémond, fondateur du groupe Pierre & Vacances et de la station. C’est vers ce promoteur que convergent aujourd’hui les critiques : l’architecte « historique », Jacques Labro, mais aussi l’association des copropriétaires, gardiens du temple avoriazien, lui reprochent de vouloir rompre cette harmonie. L’objet du délit ? Un hôtel tout en lignes droites situé dans la partie basse de la station. La conception en a été confiée au célèbre architecte Jean Nouvel. L’Hôtel Téléphérik, c’est son nom, disposera de 153 chambres, sur une surface utile de 10 000 mètres carrés. Début des travaux au printemps 2022, ouverture prévue en décembre 2023.

« Batailles d’Hernani »

En réponse aux critiques, le promoteur soutient que ces fameuses « lignes » – le cœur du litige – seront à peine visibles depuis Morzine, car la bâtisse s’incrustera dans la falaise. Depuis Avoriaz, en surplomb, elles n’apparaîtront pas davantage : seul le toit-terrasse émergera du sol. Une dizaine de résidents ne sont pas convaincus par ces explications : ils ont déposé un recours gracieux contre le permis de construire et menacent de l’attaquer sur la foi d’éléments techniques. Ils espèrent surtout obtenir le retour à la vue dont ils jouissent aujourd’hui et réclament aussi un nouveau dessin de l’arrière du bâtiment, qu’ils décrivent comme un « parking de supermarché ». (…) Il vous reste 77.53% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés du Monde.

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