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Hôtellerie-restauration : la FGTA-FO exige une négociation salariale sincère et loyale

Pour la première séance de négociation salariale de branche, les représentants patronaux ont proposé, le 18 novembre, une nouvelle grille avec une moyenne d’augmentation de 10,5% cachant d’importantes disparités. Les trois premiers échelons du premier niveau, qui concentre la majorité des effectifs, ne dépassent pas 4,77% d’augmentation. Inacceptable pour la FGTA-FO, pour qui cette proposition ne correspond même pas au rattrapage de la stagnation de la grille depuis trois ans, encore moins aux attentes des salariés.

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A quand l’ouverture de véritables négociations salariales dans la branche des hôtels-cafés-restaurants (HCR), qui compte un million de salariés ? La première réunion, en visio-conférence le 18 novembre après-midi, ne saurait en tenir lieu pour Nabil Azzouz, secrétaire fédéral à la FGTA-FO chargé de l’hôtellerie-restauration. « Les représentants patronaux sont arrivés avec, pour unique proposition, une nouvelle grille et ont annoncé qu’ils n’avaient pas de mandat pour négocier d’autres éléments de rémunération. Tout autre sujet que cette grille est donc repoussé à 2022, sans qu’un calendrier ait été précisément annoncé », explique le militant FO, pour qui les conditions d’une négociation « sincère et loyale » ne sont pas réunies. Pour la FGTA-FO, troisième organisation du secteur, il est crucial de discuter, d’entrée de jeu, de rémunération au sens large, c’est-à-dire de l’augmentation des salaires conventionnels mais aussi de la création d’un treizième mois.

Plus de la moitié des salariés ne verront jamais la couleur de cette prétendue augmentation de 10%

Quant au contenu de la proposition patronale, elle fait l’impasse sur la revalorisation très attendue des plus bas salaires. Une revendication plus que légitime : la grille actuelle est inchangée depuis… 2018 et, depuis le 1er octobre dernier, ses cinq premiers échelons sont passés en dessous du Smic. Face à cette situation, les représentants des quatre organisations patronales ont certes mis sur la table une nouvelle grille commune affichant une moyenne d’augmentation de 10,5%. Sauf que celle-ci comporte d’importantes disparités, d’un niveau à l’autre de la grille.

Concrètement, les trois premiers échelons du premier niveau feraient l’objet d’une augmentation de 3,05% à 4,77%, quand le premier échelon du dernier niveau (le niveau 5 qui est celui des cadres : directeurs, chefs de rang, maîtres d’hôtel, etc.) bénéficierait de près de 20% d’augmentation.

Communiquer sur une moyenne de 10,5% d’augmentation, comme le fait la partie patronale, est un non-sens. Plus de la moitié des salariés se trouvent en bas de l’échelle de la grille et ne verront jamais la couleur de cette prétendue augmentation de 10% », alerte Nabil Azzouz, qui dénonce « un leurre et un coup de communication (des représentants patronaux) à l’égard des pouvoirs publics.

Désaffection des salariés en raison des conditions salariales et de travail

La confédération FO a aussitôt communiqué, par la voix du secrétaire général Yves Veyrier, le contenu de la proposition patronale à la ministre du Travail, pour information. A la sortie de l’été, Elisabeth Borne a publiquement appelé l’hôtellerie-restauration à se remettre en question, en agissant sur le niveau de rémunération. Le secteur a été particulièrement aidé pendant la crise sanitaire (8 milliards d’euros de fonds publics ont été attribués à 155 000 établissements). Une étude du Conseil d’analyse économique (CAE) a d’ailleurs révélé que les petites et moyennes entreprises de l’hôtellerie-restauration sont plus solides financièrement aujourd’hui qu’avant la pandémie.

Pour autant, le secteur manque désespérément de personnel. Il a perdu 237 000 salariés entre février 2020 et février 2021 et rencontre, depuis la levée des restrictions sanitaires au printemps 2021, des difficultés sans précédent pour les remplacer. La désaffection des salariés, notamment les jeunes, est clairement liée aux conditions salariales ainsi qu’aux conditions de travail jugées peu attractives, entre les importantes amplitudes horaires au quotidien et les week-ends travaillés. Entre 100 000 et 150 000 postes seraient actuellement à pourvoir.

La proposition patronale ne répond pas aux attentes des salariés

Dans ce contexte, la revalorisation proposée des premiers échelons du niveau 1 n’est pas la hauteur, poursuit Nabil Azzouz. Elle ne correspond même pas au rattrapage de la stagnation de la grille depuis trois ans et ne prend pas en considération le niveau d’inflation historique de 2021. Sans parler de la revalorisation attendue du Smic au 1er janvier prochain, précise-t-il.

Pour le secrétaire fédéral du secteur HCR, le compte n’y est pas, à aucun niveau. La proposition patronale ne répond pas aux attentes des salariés. Elle est insuffisante pour restaurer l’attractivité du secteur. Tout se passe comme si les organisations patronales n’avaient pas pris conscience des enjeux. Pourtant, ces dernières semaines, elles ont multiplié les déclarations rassurantes sur leur volonté de prendre en main les problématiques du secteur, rappelle le militant FO.

Les dissensions dans le patronat HCR, divisé entre les grands groupes et les établissements comptant moins de 11 salariés (majoritaires), semblent plus que jamais vives. Inédit, chacune des quatre organisations patronales a aujourd’hui son négociateur alors qu’habituellement un négociateur patronal unique porte les revendications de l’ensemble d’entre elles.

Si les organisations patronales n’évoluent pas dans leur proposition, elles prennent le risque d’un fiasco, prévient Nabil Azzouz. La FGTA-FO ne signera pas, en l’état, la proposition patronale.

Deuxième réunion de négociations le 16 décembre

La FGTA-FO a fixé ses priorités de court terme, à commencer par une augmentation des salaires au-delà de 10%, pour toute la grille et un 13e mois pour tous, sa mise en place pouvant être progressive sur plusieurs années. Elle demande également, pour améliorer les conditions de travail des salariés, un week-end par mois non-travaillé, la majoration du travail le dimanche, l’encadrement et la compensation du travail en coupure (entre deux services). Pour traiter les autres problématiques du secteur, elle propose l’établissement d’une feuille de route sur deux-trois ans. (…) Lire la suite sur Site de Force Ouvrière

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