Coronavirus : des soignants hébergés gratuitement au Coq Hôtel à Paris

Depuis le 30 mars, l'établissement loge et nourrit une quinzaine de soignants venus du Havre pour renforcer les équipes de la clinique des Peupliers, à Paris. Florian Bitker, directeur des opérations, parle d'un  "élan de solidarité".

Un hôtel ce n’est pas fait pour être fermé.” Un établissement a besoin chaque jour d’être aéré, nettoyé, surveillé, rappelle Florian Bitker, directeur des opérations des hôtels Coq et Monte Cristo, à Paris (XIIIe et Ve). “Il faut repérer les fuites d’eau éventuelles, explique-t-il. Quant à la sécurité, nous n’avons pas de rideau de fer en façade et la porte d’entrée en verre peut être fracturée.“ Autrement dit, les caméras de surveillance ne suffisent pas. “La première semaine du confinement, quatre hôtels fermés ont été cambriolés en trois jours à Paris”, tient-il de source policière. Or, rien qu’au Monte Cristo, hôtel doté d’un bar à rhum, ce sont quelque 100 000 € de spiritueux qu’il faut sécuriser et une piscine de 120 m3 d’eau qu’il faut entretenir.

Alors, depuis le 27 mars 2020, Florian Bitker adhère à la dynamique de maintien des hôtels ouverts, menée par Nexgen. Ce mouvement regroupe une dizaine d’hôteliers parisiens, soit une centaine d’établissements, sous la houlette de Grégory Pourrin, directeur général de Paris Inn Group, et Kevin Machefert, aux commandes de Machefert Group.

 

Deux chambres transformées en salle de pause, avec frigo et micro-ondes

En pratique, Florian Bitker a dépêché quatre bénévoles, parmi ses équipes, pour créer, avec lui, un roulement de “trois jours et trois nuits”. “Nous venons à tour de rôle avec notre conjoint(e) et nous nous partageons entre les deux hôtels.” L’idée : fermer le Coq, tout en ayant des chambres préparées, et maintenir le Monte Cristo en veille. L’information circule et parvient jusqu’à la clinique des Peupliers, dans le XIIIe arrondissement, à quelques rues du Coq. “La directrice des soins de la clinique m’a alors demandé si je pouvais héberger 15 soignants en provenance du Havre pour renforcer les équipes des Peupliers”, raconte Florian Bitker.

Avec l’aval de Michel Delloye, propriétaire des Coq et Monte Cristo, il rouvre 15 chambres du Coq, en transforme deux autres en salle de pause, avec frigo et micro-ondes, et crée un groupe WhatsApp pour expliquer le mode de fonctionnement de l’hôtel aux soignants. “Il était hors de question que nous leur fassions payer quoi que ce soit. Pour nous, c’est un élan de solidarité. C’est notre façon d’aider ces soignants qui travaillent 14 heures par jour.” Au gîte, s’ajoute le couvert. Gratuit également. Et ce, grâce “aux voisins du Coq, mais aussi à des partenariats menés avec les Grands Moulins de Paris, Transgourmet, Terres de café, Kodama, Filfa, One Touch Cosmetic ou encore Evoleum. Résultat : “Les soignants ont un petit déjeuner le matin et un repas le soir”, détaille Florian Bitker.

Le directeur des opérations, approvisionné en masques et gants par la clinique, s’apprête à remplacer cette première équipe par 15 autres soignants. Il a également préparé des chambres au Monte Cristo “au cas où les hôpitaux Broca, Cochin ou de la Pitié-Salpêtrière auraient besoin de loger gratuitement des soignants”. Car la directrice des soins des Peupliers a reconnu avoir appelé des dizaines d’hôtels parisiens, avant de solliciter Florian Bitker. Elle a dû décliner toutes leurs offres payantes, faute de budget.

 

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