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Dans sa chambre d’hôtel exiguë à la décoration vieillotte, Sophie trouve le temps long. Ses vacances, dont elle est rentrée il y a dix jours, lui semblent déjà loin. Loin aussi le sentiment de liberté, les grandes étendues et les paysages époustouflants. La vue de sa fenêtre, qui donne sur les abords de l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle, ne fait pas rêver, et son espace se limite aux 10 m² de sa chambre.

Le 19 novembre, elle s’est envolée pour l’Afrique du Sud. Et de son voyage, outre les merveilleux souvenirs, Sophie, touriste française, en est revenue avec  Omicron. Un variant découvert au milieu de son séjour par les autorités sanitaires du pays, classé dans la foulée rouge écarlate par la France. Et qui lui vaut, depuis son retour, un isolement strict à l’hôtel. « S’isoler, ça, je le comprends. Ce qui ne va pas, c’est le protocole, vraiment mal foutu », regrette Sophie, qui raconte à 20 Minutes sa mésaventure.

Testée positive à son retour

Après une annulation de vol et deux tests PCR négatifs, Sophie, son mari et ses amis rentrent en France le lundi 6 décembre, prêts à s’isoler dix jours à la maison, comme tous les autres passagers. « A notre arrivée, tous les passagers du vol ont fait un test antigénique. J’ai fait le mien à 12h07, et à 12h23, il est revenu positif ». Pour Sophie, c’est le début de la galère : « Une femme en combinaison intégrale m’a emmenée refaire un test, PCR cette fois, avant de me raccompagner dans la salle où tous les passagers de retour d’Afrique australe étaient parqués. Les positifs étant séparés des autres par un simple cordon et utilisaient les sanitaires communs à tous les passagers, sans que l’on désinfecte après notre passage, souligne-t-elle. Je l’ai signalé, on m’a répondu qu’il n’y avait pas de personnel prévu pour ça ».

De son côté du cordon, sept passagers de son vol, et d’autres de retour d’Afrique australe. « Dans l’après-midi, on nous a dit que nous serions mis à l’isolement à l’hôtel, qu’il nous était interdit de nous isoler à la maison. Mon mari est parti, et je suis restée plantée là ». Les heures passent. Ce n’est qu’à 23h30 que Sophie et ses compagnons d’infortune sont finalement conduits à l’hôtel où ils devront s’isoler 10 jours.

« 139 euros par jour, pas de linge propre et des paniers repas dégueulasses »

Ils sont d’abord amenés à la caisse, « pour régler la note : 139 euros par jour. Là encore, pas de désinfection après nous », observe-t-elle. Dans le couloir des isolés, « aux murs en crépi jauni », un banc barre la porte de chaque chambre. C’est là que les trois repas quotidiens seront livrés. Là aussi qu’une affichette indique en plusieurs langues qu’il est interdit de sortir de sa chambre. Une chambre « petite, pas terrible mais correcte », découvre Sophie après avoir récupéré sa valise, déposée par son mari avant son arrivée. « Au moins, j’avais mes affaires et mon ordinateur pour télétravailler et m’occuper. Certains camarades, n’ont pas eu le droit de récupérer leurs bagages à l’aéroport et ont passé des jours sans vêtements de rechange ni brosse à dents ! »

Car le groupe a beau être à l’hôtel, pour les covidés Omicron, ce n’est pas la grande vie. « La première semaine, on était comme des pestiférés : on ne nous donnait pas de linge propre, ni de quoi faire le ménage dans la chambre. Et à part le petit-déjeuner, correct, les paniers-repas étaient vraiment dégueulasses, de l’avis unanime, décrit Sophie. Et pas livrés à heure fixe, parce qu’une partie non vaccinée du personnel refusait – et c’était leur droit – de nous les déposer », apprend-elle du directeur de l’hôtel, qui accomplit lui-même cette tâche à plusieurs reprises. « Son établissement a été réquisitionné : il n’a eu ni le choix, ni les moyens nécessaires pour gérer la situation », déplore-t-elle.

« Pas de coordination »

Après sa première nuit, Sophie reçoit un appel de l’Agence régionale de santé (ARS), « pour me poser des questions. Le lendemain, c’est l’Assurance maladie qui m’a appelée, et l’agent ne savait même pas que je rentrais d’Afrique du Sud, ni quand j’aurais le résultat de ma PCR ! » Ce n’est que le vendredi que les résultats tombent :  le séquençage a parlé, c’est bien Omicron. Dans la bande, qui communique par messages, personne n’a de symptômes, mais on comprend que l’isolement à la maison, il faut oublier.

La première semaine, « seuls les bénévoles de la protection civile sont venus chaque jour aux nouvelles, raconte-t-elle. Puis, des infirmiers d’une équipe de lutte anti-Covid sont passés. Heureusement qu’on n’a pas eu besoin de médecin. Parce que ceux dont on nous avait donné le contact n’ont jamais répondu à nos appels pour une touriste contaminée arrivée après nous, dont l’état de santé s’est dégradé à cause de son diabète », souffle-t-elle.

Et pour Sophie, c’est là le cœur du problème. « L’isolement strict à cause d’Omicron, évidemment, ça se comprend. Mais quand on voit à l’aéroport, à l’hôtel et avec les différents interlocuteurs que tout est fait « à l’arrache », sans moyens pour la gestion humaine et médicale des gens, et sans coordination entre les autorités préfectorales et sanitaires, alors que cela fait deux ans que l’on vit avec la pandémie, c’est aberrant. On a appris par les infirmiers au bout d’une semaine qu’en réalité, on avait droit à une promenade dehors de 10 minutes, alors que la protection civile nous avait assuré que c’était impossible ».

« On a frôlé l’amende de 1.000 euros »

Dix minutes « chronomètre en main pour l’infirmier qui nous accompagne en petits groupes », décrit Sophie. Et pour s’assurer que personne n’enfreint son l’isolement, « deux fois par jour, on reçoit un appel de la police sur le téléphone fixe de la chambre, dont la clé est démagnétisée. Et croyez-moi, on ne bouge pas, sinon c’est 1.000 euros d’amende ! D’ailleurs, on a frôlé la prune quand la police, qui ignorait elle aussi qu’on avait droit à une promenade, est passée à l’hôtel au moment où on s’apprêtait à sortir pour la première fois ! »

C’est à ce moment de l’isolement que « certains ont eu peur : 139 euros fois 10 jours, tout le monde ne peut pas se le permettre, résume Sophie. D’ailleurs, le directeur de l’hôtel aussi stressait : il m’a confié qu’il avait une ardoise de 7.500 euros d’isolés pas contents qui refusaient de payer. On a tous été soulagés au bout de huit jours quand il nous a dit que les frais seraient finalement pris en charge par la préfecture ».

Au terme de ces dix jours, et certificat de fin d’isolement en poche « pour la délivrance », Sophie estime avoir « appris la patience ». (…) Lire la suite sur 20 minutes

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