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À genoux, l’événementiel survivra-t-il à l’interdiction des réunions de plus de mille personnes ?

Déjà très éprouvé par la crise sanitaire, l’événementiel a reçu le coup de grâce avec l’interdiction des rassemblements de plus de 1 000 personnes dans les zones en « alerte renforcée », qui pourrait bien tuer dans l’œuf la reprise automnale tant espérée.

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« Nos perspectives se resserrent : d’ici la fin de l’année, il n’y aura quasiment plus d’événement », sur les neuf sites gérés par la société Viparis à Paris et en Ile-de-France, dont les parcs des expositions de la Porte de Versailles et de Villepinte, affirme à l’AFP son directeur général, Pablo Nakhlé Cerruti.

« Mais le paradoxe, et c’est une grande frustration, c’est qu’on a reçu une trentaine d’événements en septembre avec une petite jauge, et certains plus grands comme Pro Durable dédié à la RSE (responsabilité sociétale des entreprises, N.D.L.R.), qui a rassemblé 8 000 participants, qui se sont tous très bien passés ».

Viparis a mis en place un protocole sanitaire validé par Bureau Veritas et « aucun cas de Covid-19 » n’a été répertorié, souligne-t-il : « mais c’était avant que la décision d’abaisser la jauge à 1 000 personnes ne nous achève ».

Depuis cette annonce, « les annulations se multiplient », confirme à l’AFP Christophe Cizeron, directeur général de GL Events, organisateur de salons et spécialiste de la logistique des grands événements basé à Lyon.

« Nous sommes victimes d’amalgames : après les problèmes sanitaires liés à des débordements festifs cet été, on assimile cela aux rassemblements professionnels, commerciaux, scientifiques, que nous organisons avec un protocole sanitaire très exigeant », estime-t-il.

« Eurexpo, le parc des expositions de Lyon, c’est 150 000 m² : avec une jauge de 5 000 personnes, ça vous fait 1 personne pour 30 m2. Si on descend à 1 000, c’est une personne pour 130 m2 ! », constate M. Cizeron, dénonçant une « différence de traitement avec les centres commerciaux, où la densité et les flux sont beaucoup plus importants ».

Les entreprises « ne passeront pas l’hiver »

De fait, l’interdiction des événements pendant six mois, et ensuite la jauge maximum de 5 000 puis 1 000 personnes accueillies par événement dans certains territoires, ainsi que la faculté donnée aux préfets d’interdire des manifestations du jour au lendemain, ont mis la filière à genoux.

 

Ainsi 220 exposants ont-ils dû se résoudre jeudi dernier à démonter en catastrophe leurs stands, la veille de l’ouverture de la Foire de Saint-Etienne.

Après une abyssale perte de chiffre d’affaires jusqu’ici en 2020 (-80 %), l’événementiel anticipe une activité encore réduite de moitié en 2021, qui mettrait au chômage la moitié de ses 455 000 employés.

Sept organisations du secteur – Coesio, Crealians, France Congrès et Événements, L’Événement, Traiteurs de France…- ont écrit au Premier ministre le 23 septembre pour lui demander un « plan de sauvegarde massif spécifique à l’événementiel » sans lequel les entreprises ne « passeront pas l’hiver ».

L’organisateur de salons Comexposium vient ainsi de solliciter une procédure de sauvegarde auprès du tribunal de commerce de Nanterre.

Le secteur sera reçu la semaine prochaine par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire.

« C’est le désarroi total », remarque Aziz Bentalab, gérant du traiteur Calixir qui emploie 25 personnes en Ile-de-France. « J’ai perdu 800 000 € de contrats en deux jours, tout est annulé jusqu’à fin décembre. »

Aussi président de la branche Traiteurs organisateurs de réceptions du syndicat GNI (indépendants) qui représente 280 000 salariés, il reçoit des « dizaines d’appels de traiteurs désespérés » à qui il ne sait « plus quoi dire ».

« On avait modifié nos offres, fait des lunch boxes, pris des agents de sécurité pour faire respecter le port du masque, loué du mobilier pour que les gens soient assis… Tout cela nous a coûté de l’argent et ça n’a servi à rien », déplore M. Bentalab.

« Nos entreprises ne valent plus rien, les banques ne vont plus nous soutenir, les fournisseurs ne nous font plus confiance », se désole-t-il.

L’événementiel génère 34,5 milliards d’euros de retombées économiques directes et indirectes en France, en faisant travailler agences d’événementiel, d’hôtesses, de maîtres d’hôtel, de sécurité, d’audiovisuel, entreprises de nettoyage, traiteurs, décorateurs… Tout un écosystème de PME qui ne survivront pas à des mois sans activité.

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